Consolez, consolez mon peuple, dit
votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et criez-lui que son combat est
terminé...
Esaïe
40.1,2
Un immense espoir
Le livre
du prophète Esaïe a été appelé “le cinquième évangile”. Nulle part mieux et
plus qu’ici nous n’entendons la voix d’un immense espoir. Le Fils qui nous
est né, le Serviteur de l’Eternel qui subit notre châtiment, la libération
annoncée aux captifs, le règne de paix, les épées transformées en socs, le
loup et l’agneau qui séjourneront ensemble... Ce n’est pas que le prophète
souffre d’une cécité sélective. Il voit bien les ombres au tableau. Ce fut d’ailleurs
sa charge : “Rends insensible le cœur de ce peuple, endurcis ses oreilles
et bouche-lui les yeux, de peur qu’il … ne comprenne avec son cœur, qu’il ne
se convertisse et ne soit guéri”. (6.10) Mais la lumière n’en ressort que
mieux. Dieu consolera son peuple. Le cœur rendu insensible n’est pas le
dernier mot. Le combat prendra fin. La voix crie dans le désert : Votre
Seigneur vient avec puissance. Avec un amour éternel il aura compassion.
Il y a de
l’espoir. Nous sommes ces privilégiés qui en avons vu commencer l’accomplissement.
Au milieu des ténèbres qui s’épaississent
nous levons les yeux. Ce Dieu qui a partagé nos détresses (63.9) a su
parler à notre cœur. Le mot de la fin a déjà été donné du haut de la croix :
“Accompli !”, acquitté, achevé, fini. Sois consolé, tout est payé, tu es
gracié : Vis joyeusement ! Tout est payé ! Ce Dieu qui demande tout
donne tout. Alors, laisse-toi envahir par cet immense espoir !
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Tu leur diras cette parole :
Mes yeux fondent en larmes nuit et jour, sans arrêt; car la vierge, fille de
mon peuple, a été frappée d’un grand désastre, d’une plaie très douloureuse.
Jérémie
14.17
Une immense détresse
Il n’y a
pas que l’immense espoir d’Esaïe. Il y a aussi l’immense détresse dont
témoigne Jérémie. Pas seulement la détresse du prophète, mais celle de Dieu.
Plus que quiconque, le prophète s’est identifié à la douleur de la souffrance
de son peuple. Sa souffrance est provoquée par la rébellion sans fin de son
peuple contre Dieu. Elle est provoquée encore par le mal incurable dont il
est question plus loin : “Pourquoi te plaindre de ton désastre, de ta
douleur incurable ? C’est à cause de la multitude de tes fautes, de la
gravité de tes péchés que je t’ai fait cela.” (30.15) Mais la main qui
frappe, qui doit frapper, est la main qui souffre. La détresse du
prophète, son torrent de larmes, n’est qu’un faible reflet de la détresse
divine.
N’y a-t-il
pas de ‘baume en Galaad’ pour guérir le cœur ? La réponse vient plus loin :
Le cœur, notre cœur, tortueux par-dessus tout et incurable (17.9),
rend le jugement inévitable, à moins de se tourner vers Dieu. Quand on se
détourne de Dieu, il ne reste que l’attente du jugement. Mais le désastre
incurable et la souffrance indicible que cela entraîne, même mille fois
mérité, ne peut soulever notre joie.
Connaissons-nous
quelque chose à cette détresse ? Ou observons-nous nos semblables avec
le détachement de Jonas ? La vengeance de Dieu est une réalité aussi
terrifiante qu’inéluctable. Pourtant : “Je suis brisé par la blessure de
la fille de mon peuple, je suis sombre, la désolation me saisit.” (8.21)
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