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Pourquoi je suis un inconditionnel d’Israël
Voici un article du pasteur J.-M. Thobois, du journal Keren Israël, qui mérite notre attention dans un climat où la bête immonde de l'Antisémitisme sort de nouveau de la cave dans nos pays dits civilisés. L’enseignement dans nos églises concernant Israël est trop souvent peu clair, et, parfois, fort troublant.
Peu à peu, l’amour des Chrétiens pour Israël s’est refroidi. On se laisse gagner par un “non-sionisme” comme le décrit le pasteur Thobois dans cet article. Croit-on que la situation d’Israël n’a pas de rapport avec celle de l’Eglise ? Détrompons-nous. Le pasteur Martin Niemöller l’avait compris en son temps, et il écrit :
Lorsqu’ils sont venus chercher les communistes
Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes
Je me suis tu, je n’étais pas syndicaliste.
Lorsqu’ils sont venus chercher les Juifs
Je me suis tu, je n’étais pas Juif.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester. Je me suis tu, je n’étais pas communiste.
Décidément, la question d’Israël
interpelle les évangéliques !
Après les “chrétiens évangéliques
antisionistes” (voir Keren n° 85), voici qu’apparaît une nouvelle espèce de
chrétiens : “les chrétiens évangéliques non-sionistes”. Nuance !
Qu’est-ce qui différencie ces deux types
de chrétiens ?
Les “non-sionistes” sont conscients qu’un
certain antisionisme peut générer un renouveau de l’antisémitisme et que pour
un chrétien évangélique qui, par conséquent croit à l’inspiration de la Bible,
nier les droits du peuple de la Bible sur la terre promise est une position
difficile à tenir.
Néanmoins, les chrétiens “non-sionistes”
sont préoccupés par “la question douloureuse des palestiniens” et par le fait
que le Nouveau Testament exige la justice pour tous.
Autrement dit, les chrétiens “non-sionistes”
adoptent d’emblée l’idée présentée comme une évidence que la création de l’Etat
d’Israël est en soi un acte d’injustice vis-à-vis des palestiniens. En d’autres
termes, ils adoptent sans nuance le point de vue des palestiniens repris par
l’ensemble des média mondiaux à la suite de la formidable opération de
propagande orchestrée par les états arabes.
A l’inverse des chrétiens
antisionistes, les “non-sionistes” reconnaissent qu’Israël a droit à un état
qui est indispensable à la “préservation de l’identité juive”. Ils
reconnaissent aussi que “le sionisme est à l’origine d’une nouvelle démocratie”
même si, en tant que bons citoyens du grand village mondial, ils considèrent
que cette démocratie est archaïque.
Les chrétiens “non-sionistes” se
réfèrent à l’article 5.27 de la déclaration de Willowbank établie par des
évangéliques au sujet des relations entre juifs et chrétiens et qui affirme :
« - Nous apportons notre soutien au
désir des juifs de disposer d’une patrie aux frontières sûres et de jouir d’une
juste paix.
- Nous démontrons que le lien établi par les Ecritures entre le peuple juif et
la terre d’Israël justifie des actes qui s’opposent à l’éthique biblique et qui
oppressent des individus et des communautés. »
Cette déclaration, qui eut lieu aux
Bermudes en 1989, se veut en effet soucieuse de justice pour tous les hommes.
Qui n’approuverait pareille affirmation
! Pourtant, quand on lit les commentaires que suscite cet article, on comprend
vite que tout en affirmant le droit d’Israël à un état, on condamne sans appel
son comportement vis-à-vis des palestiniens, ainsi que “le soutien
inconditionnel à l’Etat d’Israël que les chrétiens évangéliques lui ont souvent
apporté”.
Les chrétiens “non-sionistes” par
contre, apportent à Israël un “soutien conditionnel” ! Eux, au moins sont des
gens équilibrés, modérés, objectifs !
C’est la raison pour laquelle, s’ils
reconnaissent qu’Israël a droit à un état, son attitude envers les palestiniens
rend impossible l’assimilation que font les chrétiens pro-sionistes entre
l’état d’Israël et l’accomplissement des prophéties.
Pour les “non-sionistes”, Israël n’est
donc qu’un état comme les autres : profane et donc critiquable, alors que le
fait de faire le lien entre l’Etat d’Israël et la prophétie biblique
interdirait à ceux qui reconnaissent ce lien, toute forme de critique puisqu’alors
l’Etat d’Israël serait pratiquement parfait.
L’expression : “peuple élu” fait aussi
problème, au nom de l’universel.
Certes, l’église n’a pas remplacé
Israël et en cela les chrétiens «non-sionistes » récusent à juste raison la
théologie de la substitution, mais “Dieu au sein d’Israël a remplacé certains
israélites par des non-juifs », ce qui en fin de compte revient au même. De ce
fait, Israël ne peut plus être le «peuple élu” puisque cela implique une
supériorité sur les autres. D’ailleurs, un état est une idée dépassée et les
prophéties sont toutes accomplies en Jésus et par l’Eglise.
Les prophéties du retour ont toutes été
accomplies lors du retour de Babylone…
On le voit, il y a là retour à la
vision traditionnelle de la théologie de la substitution quelque peu
dépoussiérée et présentée d’une manière acceptable aux évangéliques.
En fait, les “non-sionistes” analysent
la question d’Israël à partir d’une position appelée “a-millénarisme”, qui
prétend que nous sommes déjà dans le millénium.
Cette position est celle de
pratiquement toutes les facultés et instituts de théologie évangélique de
langue française, en sorte que la plupart des jeunes pasteurs qui fréquentent
ces institutions sont formés à l’a-millénarisme et à son corollaire le “non-sionisme”.
De sorte que l’on peut craindre que
d’ici quelques années, la plupart des églises évangéliques deviennent
a-millénaristes et non-sionistes.
Seuls les pro-sionistes qualifiés “d’inconditionnels
d’Israël” brisent le consensus qui est en train de s’établir dans le monde
évangélique français.
Ils sont donc invités, sous peine
d’être des obstacles à l’unité, à cesser de soutenir ouvertement Israël. La
véritable attitude évangélique consistant à ne pas prendre parti, on invite
donc les chrétiens “inconditionnels” à ne plus militer pour cette cause, mais à
rejoindre le plus petit dénominateur commun : “évangéliser” les juifs, laissant
ainsi le champ libre aux ennemis d’Israël qui cherchent à le détruire et
privant Israël de ses derniers soutiens.
Eh bien, non ! “Pour la cause de Sion,
je ne me tairai pas !” (Esaïe 62.1), car je suis un inconditionnel d’Israël et
je le revendique haut et fort.
Quand bien-même les critiques qui sont
adressées à l’Etat Juif de toutes parts seraient fondées à 100%, je ne
cesserais pour autant d’être un inconditionnel d’Israël.
Je suis un inconditionnel d’Israël et
voilà pourquoi :
1 - Parce que le droit d’Israël à la
Terre Promise a été accordé par Dieu à son peuple d’une manière
inconditionnelle.
Dans le seul livre de la Genèse, la
promesse inconditionnelle de donner ce pays aux descendants des patriarches
revient dix fois ! Dieu déclara à Abraham dans une alliance irrévocable “Je te
donne ce pays à toi et à ta descendance pour TOUJOURS !” De telle sorte que même
les pires infidélités du peuple d’Israël ne sauraient remettre en question ces
promesses. Au pire, Israël sera exilé de son pays pour un temps, mais selon les
affirmations de Moïse dans le livre du Deutéronome, “Quand bien-même tu serais
exilé aux extrémités de la terre, de là, l’Eternel ton Dieu te ramènera, car il
se souviendra de l’alliance qu’il a conclue avec tes pères.”
2 - Je suis un inconditionnel d’Israël
parce que je suis évangélique et que je crois à l’inspiration plénière de la
Parole de Dieu et par conséquent je pense que, à moins que le contexte ne nous
oblige à faire autrement, la Parole de Dieu doit être interprétée dans son sens
premier. L’allégorie est toujours possible, mais elle n’annule jamais le sens
clair du texte.
Or, les prophéties concernant le retour
d’Israël sont, on ne peut plus claires. Elles sont loin d’avoir été accomplies
dans toute leur ampleur lors du retour de l’exil de Babylone. Le nouveau
Testament les reprend à son compte :
Luc 1.32-33; 21.23-24; 22.28-30; 24.21; Actes 1.3-8; Romains 11.15, 25-27;
Apocalypse 20.1-6, etc…
3 - Je suis un inconditionnel d’Israël
parce que je suis un “millénariste”. Ce faisant, je crois à l’accomplissement
littéral de la parole de l’ange à Marie : “Le Seigneur Dieu lui donnera le
trône de David son père, il règnera sur la maison d’Israël…”. Parce que je suis
évangélique et que je lis “littéralement” l’Ecriture, je crois “qu’Israël”
signifie bien le peuple juif et non pas l’église.
Quand Jésus a-t-il régné sur la maison
d’Israël ? Il faudra donc bien que cette prophétie s’accomplisse un jour…
Je suis “millénariste”, non comme le
prétendent les “non-sionistes”, parce que j’ai été influencé par le
dispensationalisme, mais tout simplement parce que je lis la Bible…
Je constate que les premières
générations des Pères de l’église étaient millénaristes : Polycarpe, Irénée de
Lyon, Justin martyr et même Augustin au début de sa carrière.
Ce n’est qu’au IIème siècle qu’on a
commencé à polémiquer contre les “chiliastes” (millénaristes). Tous ceux-là
n’étaient évidemment pas influencés par Darby, Scoffield et le
dispensationalisme…
Notre soutien à Israël n’a rien à voir
avec un enthousiasme sentimental, mais repose sur une lecture froide et
objective de “l’Ancien et du Nouveau Testament”. Je suis avant tout un exégète
et par conséquent, quelqu’un qui ne se laisse pas conduire par des présupposés
théologiques, politiques ou sentimentaux, mais qui cherche d’abord à comprendre
ce que les auteurs de la Bible ont voulu dire.
4 - Je suis un inconditionnel d’Israël
parce que, comme nous le reprochent les “non-sionistes”, je ne suis pas
obnubilé par le problème palestinien. Pour moi, malgré sa complexité, ce
problème n’est qu’un épiphénomène, un avatar de l’histoire, second par rapport
à la geste de Dieu.
Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas
des innocents qui souffrent de cette situation et pour ce qui nous concerne,
nous soutenons et aidons nos frères chrétiens évangéliques palestiniens. Cela ne
signifie pas non plus que nous ne sommes pas soucieux de la “justice pour tous”,
ou que nous estimons qu’Israël est au-delà de toute critique.
Je suis parfaitement conscient qu’il y
a en Israël, comme partout ailleurs, des choses qui vont et des choses qui ne
vont pas. Israël est une démocratie et la règle de la démocratie, c’est que
tout un chacun a le droit de la critiquer et les israéliens et les sionistes ne
s’en privent pas, mais je prétends, obstiné, après près de 50 ans d’étude du
Moyen-Orient, qu’il n’y a aucun exemple dans l’histoire d’un peuple qui se
conduise aussi humainement vis-à-vis de ses ennemis que ne le fait le peuple
d’Israël et que par conséquent, l’essentiel des critiques que l’on adresse
unanimement à l’Etat juif dans ce domaine sont non fondées, même s’il y a comme
partout, des brebis galeuses.
Je soutiens que la création de l’Etat
d’Israël ne s’est pas faite au détriment des palestiniens et que le refus
obstiné de ces derniers à toute forme de compromis et d’accord est la cause première
des malheurs réels et supposés dont ils se plaignent.
5 - Je suis un inconditionnel d’Israël
parce que moi aussi j’ai le souci de la justice pour tous. Les “non-sionistes”
n’ont pas le monopole de la sympathie envers ceux qui souffrent ; ils ont
choisi de témoigner cette sympathie aux palestiniens, c’est leur choix et c’est
bien. Nous, notre sympathie va aussi aux enfants de Sdérot qui, pendant des
années ont vécu un cauchemar quotidien pour avoir été bombardés jour et nuit, à
ceux de Kyriat Shemona qui ont tout perdu dans la guerre de 2006, aux victimes
du terrorisme qui sont handicapés à vie, aux familles des innocents qui ont été
tués dans des attentats aveugles etc….
On oublie trop facilement qu’il n’y a
pas que du côté palestinien que des innocents souffrent et devant le peu
d’empressement que l’on met à exprimer de la sympathie à ces victimes, je pense
qu’il est important qu’il y ait quelques inconditionnels comme moi qui brisent
cet assourdissant silence d’indifférence et même si les “non-sionistes” nous
reprochent de consoler Israël au lieu de “l’évangéliser”, je continuerai à
prendre néanmoins au sérieux l’ordre du prophète : “Consolez, consolez mon
peuple !”.
6 - Je suis un inconditionnel parce que
je suis un chrétien non-juif, et en Romains 11, Paul nous met en garde en
disant “Ne te glorifie pas aux dépens des branches qui ont été retranchées,
mais crains…”.
Dans ces textes essentiels des
chapitres 9-10 et 11, Paul nous dit en substance que, s’il est vrai que Dieu a
un contentieux avec son peuple, les païens n’ont pas à interférer dans cette
affaire et que Dieu ne les a pas établis comme juges dans ce procès. Israël est
la prunelle des yeux de Dieu, dit le prophète et avant de juger ou de critiquer
le peuple d’Israël, il faut y regarder à deux fois. Le sage Hillel ne disait-il
pas “Ne juge pas ton prochain sans d’abord t’être mis à sa place.” ? Ce que nos
contempteurs d’Israël seraient bien inspirés de faire.
Ces avertissements de l’apôtre prennent
une acuité encore plus grande après deux mille ans d’antisémitisme chrétien,
dont l’apogée fut la Shoa dans laquelle six millions de juifs périrent dans la
plus parfaite indifférence de la majorité des chrétiens. Rien qu’à cause de ce
passé tragique et de cette conduite en tous points contraire à l’évangile, les
chrétiens devraient faire montre d’un minimum de décence et de retenue dans
leurs critiques de l’Etat juif, sous peine de laisser supposer qu’ils sont
encore conditionnés par les vieux démons qui ont habité leurs pères.
Dans ce sens aussi, l’ordre prophétique
de consoler Israël prend toute sa valeur. C’est la raison pour laquelle je
refuse de faire passer la parole prophétique au second plan par rapport à “l’humanisme
droit de l’hommiste” et de me laisser culpabiliser par ces principes.
7 - Je suis un inconditionnel d’Israël
parce que à l’heure où nous parlons, Israël est désespérément seul et à nouveau
menacé de génocide, soixante ans après la Shoa. Tous ses amis l’ont lâchement
abandonné et envisagent sans état d’âme, sa disparition.
Les “non-sionistes” nous invitent alors
à être neutres, c’est-à-dire à laisser le champ libre aux ennemis d’Israël, ils
ont oublié le texte des Proverbes “Délivre ceux qu’on traîne à la mort et si tu
dis nous ne le savions pas, le Tout-Puissant ne le voit-il pas ?”
La neutralité est impossible; la
symétrie perverse qui renvoie dos à dos les deux protagonistes du drame du
Moyen-Orient et qui consiste à placer la victime israélienne sur le même plan
que la volonté génocidaire du monde arabe est tout simplement monstrueuse.
8 - Enfin, je suis un inconditionnel
d’Israël, parce qu’en défendant Israël, je me défends moi-même. Les ennemis
d’Israël sont aussi les ennemis du christianisme. La guerre contre Israël n’est
que la partie la plus visible du djihad mondial contre tous les infidèles,
qu’ils soient juifs ou chrétiens, le but étant la création d’un “califat
mondial” dont le siège serait à Jérusalem et d’où juifs et chrétiens seraient
exclus. Ne chante-t-on pas déjà dans les rues de Gaza “Nous combattrons le
samedi, puis nous combattrons le dimanche !” ?
L’islamisation de nos pays a atteint un
degré alarmant; nous sommes déjà, jusqu’à un certain point, soumis à la charia
: la loi islamique.
Toute critique de l’Islam est
interdite, hommes et femmes sont séparés dans beaucoup de piscines, des rues de
la capitale sont envahies d’hommes en prière qui empêchent la circulation à
certaines heures etc…
Se taire et rester neutre, c’est déjà
faire le lit de cet islamisme rampant, car si Israël tombe, c’est le monde
chrétien tout entier qui sera menacé.
Les musulmans enveloppent juifs et
chrétiens dans la même haine, même si pour le moment et pour des raisons
tactiques, ils font mine de ménager les chrétiens.
Du temps du marxisme triomphant, Lénine
évoquait les “idiots utiles”, qui, disait-il “nous vendront la corde avec
laquelle nous les pendrons”.
Les chrétiens antisionistes et les
chrétiens “non-sionistes” qui ne se différencient que par quelques nuances
sont, sans s’en rendre compte, manipulés par l’islam pour devenir à leur tour
les auxiliaires inconscients de leurs pires ennemis, c’est pourquoi, face à ce
danger mortel, je ne me tairai pas !
Non, l’heure n’est plus à la
neutralité, quand la maison brûle et que l’incendie fait rage, la seule
conduite logique c’est de crier au feu. C’est pourquoi je ne me tairai pas !
Certes, je suis parfaitement conscient que c’est aller à l’encontre du
consensus, mais au risque de briser “l’unité du monde évangélique”, je resterai
du côté des inconditionnels d’Israël et comme disait Victor Hugo “S’il n’en
reste que dix, je serai de ceux-là et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là
!”
Persiste et signe ! J-Marc Thobois
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