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1755 : l’année qui a changé l’Europe

 

Le premier Novembre 1755, la ville de Lisbonne a été secouée par un tremblement de terre estimé à plus de 8,5 sur l’échelle de Richter, juste en-dessous des 9,1 à 9,3 enregistrés lors du tsunami de 2004 en Asie. Lisbonne, une des plus grandes villes d’Europe, avait été dévastée, avec pas moins de 100.000 morts.1 Comme l’observait un visiteur :

On ne peut guère imaginer un endroit plus triste que Lisbonne. Dans toute la ville, il n’y a que ruine et désolation, le feu ayant accompli ce que le tremblement de terre a commencé : des monceaux de décombres, des murs brisés, des églises dont il ne reste presque rien, mais où on peut encore voir, en de nombreux endroits, les peintures et les statues. Le tout forme une scène d’horreur au-delà de toute description.2

Lisbonne allait retrouver sa splendeur grâce à un projet de construction impressionnant, mais le tremblement de terre a causé une rupture dans la pensée européenne qui s’est avérée beaucoup plus durable. En fait, il posa la question de savoir comment un Dieu bon et tout-puissant pouvait permettre—certains diraient même vouloir—de telles souffrances, et cela le jour de la Toussaint, où les Portugais assistaient en masse à la messe. Parmi ceux qui attaquaient cette idée de Dieu, Voltaire était un des plus violents. Sur un ton de moquerie, il demande : “Pourquoi donc souffrons-nous sous un maître équitable ? Et, s’adressant au croyant qui croyait pouvoir mettre ces choses en une perspective heureuse, il cria :

Vous criez : "Tout est bien" d’une voix lamentable,

L’univers vous dément, et votre propre cœur

Cent fois de votre esprit a réfuté l’erreur.3

Voltaire a fait suivre son Poème sur le désastre de Lisbonne, en 1759, par son roman Candide, où il raconte le voyage d’un jeune étudiant et de son professeur, le docteur Pangloss, un optimiste qui avait pour adage : “Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles”,4 mais dont l’optimisme fut progressivement sapé par les événements horrifiants du roman. Après avoir vu les effets du tremblement de terre de Lisbonne, Candide observe : “Si ceci est le meilleur des mondes possibles, à quoi doivent ressembler les autres ?”

Voltaire, déiste, n’était pas seul dans son rejet de la providence d’un Dieu souverain. Le philosophe allemand Emmanuel Kant a cherché à expliquer le tremblement de terre par les seules causes naturelles.5 Et beaucoup de philosophes de l’Europe lui ont emboîté le pas, en cherchant à diminuer le rôle de Dieu dans l’univers et dans l’histoire.

La réponse des chrétiens d’Europe a été toute autre . L’Angleterre avait subi un petit tremblement de terre en 1750, la France avait connu plus de 40 tremblements de terre après celui de Lisbonne, et l’Allemagne en a subi 88 entre 1755 et 1757. Un des résultats fut que, venue l’année 1756, les 12.000 églises paroissiales en Grande-Bretagne étaient pleines. Toute l’Europe recherchait fiévreusement des réponses à la question provoquée par ces tremblements de terre.6

Les frères John et Charles Wesley, fondateurs du mouvement méthodiste, sont intervenus rapidement. John y voyait la main  judiciaire de Dieu. Il notait que Lisbonne avait été le lieu de l’Inquisition espagnole “où, pratiquement chaque jour et chaque nuit, tant de braves gens ont été assassinés, d’une façon lâche et barbare, alors que personne n’y faisait attention ou ne le prenait à cœur.”7

En outre, les frères Wesley soutenaient que les tremblements de terre étaient une mise en garde destinée à faire revenir les gens à Dieu dans la repentance et de leur rappeler qu’un monde bien meilleur allait venir.8 John écrivait que l’on ne pouvait pas simplement tout expliquer par l’effet des “vents, du tonnerre, de la foudre.” Dieu était à l’œuvre, disait-il, enseignant aux gens de rechercher l’unique vrai Rocher. Charles a capté cette vérité dans le chant : “Voici, le Rocher éternel brisé pour nous accueillir.”9

Bien sûr, il est très risqué de préciser la cause d’une catastrophe particulière, mais il est irresponsable et spirituellement catastrophique à mettre en doute ou à se moquer de la vérité que Dieu est le parfait Seigneur de l’Univers, malgré les chocs que nous fait subir la vie. Néanmoins, le doute s’est installé en Europe, et aujourd’hui encore, un doute semblable divise le continent, entre ceux qui font confiance et ceux qui rejettent le règne de la grâce divine.

Cet article provient de www.kairosjournal.org, le site du Journal Kairos.
Le Journal Kairos cherche à fortifier, à instruire, à équiper et à soutenir les pasteurs et les dirigeants des Eglises
qui s’efforcent de transformer la conscience morale de la culture et de rétablir la voix prophétique de l’Eglise.

La version française du site : http://www.kairosjournal.org/index.aspx?L=3.

Notes :

1  Alvaro Pereira S., “The Opportunity of a Disaster: The Economic Impact of the 1755 Lisbon Earthquake,” University of York Website, http://www.york.ac.uk/res/cherry/docs/Alvaro3.pdf (consulté le 10 mars 2010).

2  Thomas Pitt, cité dans Malcolm Jack, Lisbon: City of the Sea, a History (London: Tauris, 2007), 84.

3  Voltaire, Poème sur le désastre de Lisbonne (1756) http://un2sg4.unige.ch/athena/voltaire/volt_lis.html

4  La cible des attaques de Voltaire était l’optimisme philosophique du philosophe chrétien Gottfried Leibniz (1646-1716), qui a fait valoir que ce monde doit être le meilleur des mondes possibles puisque créé par un Dieu parfait et tout-puissant.

5  Ce fut le début de la sismologie.

6  Edward Paice, Wrath of God (Quercus, 2008), 188-189.

7  John Wesley, “Pensées sérieuses occasionnées par le tremblement de terre récent à Lisbonne”, dans The Works of the Rev. John Wesley, A.M., vol. 6, ed. John Emory (New York: Mason and Lane, 1839), 238. Dans une lettre à son frère Charles, il écrit : “Que Dieu est lui-même l’auteur, et que le péché est la cause morale de tremblements de terre (quelle qu’en soit la cause naturelle), ne peut être nié par ceux qui croient la Bible.” Voir John Wesley, “The Cause and Cure of Earthquakes,” in Sermons on Several Occasions, vol. 1 (New York: Carlton and Phillips, 1855), 506.

8  Voir aussi les articles suivantsdu Kairos Journal  : “Tsunami: When God Raises His Voice” et “The Spiritual Significance of Earthquakes”.

9  John Wesley, cité dans Jelle Zeilinga de Boer et Donald Theodore Sanders, Earthquakes in Human History: The Far-Reaching Effects of Seismic Disruptions (Princeton, NJ: Princeton University Press, 2005), 81.

 

Nous sommes les héritiers de siècles de déisme et d’athéisme. Attribuer des catastrophes à la main de Dieu est devenu risible et intellectuellement suicidaire. Pourtant, il est peut-être grand temps de revenir sur ces apriori sans aucun fondement réel. Après tout, la négation de Dieu est une position philosophique, et rien de plus.

Et si Dieu voulait nous parler, à nous, race sourde et rebelle, ennemis de Dieu et du genre humain ? S’y prendrait-il autrement ? Je ne dis pas que telle cataclysme est la punition de Dieu pour tel peuple. Mais je dis haut et fort que tout ce qui va actuellement de travers sur notre planète, tremblements de terre, réchauffement du climat, pour ne rien dire des guerres et des famines, sont plus que probablement un dernier avertissement avant la fin. Cela peut sonner pompeux et prétentieux, je le sais. Pourtant, l’horloge de l’humanité atteint minuit. Ce qui est annoncé dans l’Apocalypse va fondre sur elle. ... Et tout ce que nous trouvons à dire est que toutes nos catastrophes ne sont que “naturelles”. Elles le sont, naturellement. Mais elles sont bien plus. Dire que le réchauffement du climat est causé par l’homme y ajoute l’idée que nous pouvons y faire quelque chose. Peu importe que de très nombreux scientifiques disent clairement que les activités humaines n’y sont pour rien. Nous sommes aux commandes de la planète, proclament nos clairvoyants. S’il y a besoin de s’affoler, ce n’est surement pas à cause d’un Dieu, qui qu’il soit, qui aurait le culot d’appeler l’humanité à rendre les comptes.

Nous ne sommes pas aux commandes. La sinistre course des cavaliers de l’Apocalypse est une des réalités de notre histoire moderne. Une des conséquences du rejet du Christ est le fléau des cavaliers. Les quelques versets du chapitre 6 du dernier livre de la Bible sont d’une actualité affolante en chaque génération de notre histoire. Et plus le temps avance vers la fin, plus leur charge devient terrible.

Dieu agit selon son plan. Si l’Apocalypse doit être pris au pied de la lettre, et je crois qu’il faut la prendre ainsi, pire est à venir. Mieux vaut s’y préparer.


Il n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)