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“Il est encore temps !”
J’ai apprécié le texte suivant, écrit avant les élections présidentielles en France, mais applicable bien plus largement. Il mérite réflexion.
Un vieuxrabbin demandait une fois à ses élèves à quoi l’on peut reconnaître le moment
où la nuit s’achève et où le jour commence.
- Est ce
lorsque l’on peut sans peine distinguer de loin un chien d’un mouton ?
- Non, dit le
rabbin.
- Est-ce
quand on peut distinguer un dattier d’un figuier ?
- Non, dit le
rabbin.
- Mais alors,
quand est-ce donc ? demandèrent les élèves.
Le rabbin
répondit :
- C’est
lorsque, en regardant le visage de n’importe quel homme, tu reconnais ton frère
ou ta sœur. Jusque-là, il fait encore nuit dans ton cœur.
Faut-il que
nos cœurs soient encore dans ta nuit pour se satisfaire béatement du refus du mariage
homosexuel et de l’euthanasie, de la part d’un des candidats à la présidence de
la République en guise de “valeurs pour la France” ! C’est évidemment ce
qu’il fallait dire, alors que d’autres candidats revendiquent la transgression,
mais enfin c’est tout de même un peu court... Pour deux raisons.
A bien y réfléchir,
qu’un candidat s’engage à ne pas dénaturer la famille et à ne pas tuer nos
vieux parents, c’est-à-dire à ne pas détruire le pays qu’il prétend servir, est
un comble. La famille, composée d’un homme et d’une femme, préexiste à la société,
Ce n’est pas une institution que l’Etat a le pouvoir de modifier. Il n’y a donc
aucun mérite pour un chef d’Etat à respecter la cellule de base de la société
et à promouvoir la piété filiale qui en est le ciment. C’est son devoir le plus
strict. Il serait d’ailleurs plus judicieux de sélectionner les candidatures à
la présidence de la République sur ce critère que sur 500 signatures qui ne
signifient rien. A partir de là, tout commence : que compte faire le président
pour valoriser la famille et venir en aide aux plus faibles ?
Mais ici le
bât blesse. Comment la promesse de ne pas légaliser le crime demain pourrait-elle
être tenue par ceux qui s’accommodent du crime légalisé aujourd’hui ? La
rupture civilisationnelle de l’avortement (8 millions de morts depuis 37 ans)
ne suscite pas un mot. Au lieu d’endiguer l’eugénisme qui progresse, l’actuelle
majorité lui a fourni, avec la loi bioéthique de 2011, une base normative qui
lui manquait. La population des enfants trisomiques est mise en coupe réglée
pour satisfaire les appétits du marché de la génétique. Elle n’est pas décimée (1
sur 10), elle est anéantie (plus de 9 sur 10). Ce n’est pas faute d’en avoir alerté
les autorités publiques au plus haut niveau. Aujourd’hui, disons le tout net :
cette obstination dans l’inacceptable pourrait peser sur nos choix.
Pour paraphraser
Isaïe (53.1-7), l’enfant trisomique, “n’était ni beau ni brillant pour attirer
nos regards, son extérieur n’avait rien pour nous plaire. Il était méprisé,
abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance, semblable au
lépreux dont on se détourne; et nous l’avons méprisé, compté pour rien.
Pourtant, c’était nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était
chargé.”
Vous
connaissez le sens de cette prophétie qui décrit le bouc émissaire et surtout la
suite ...
La nuit se
lèvera - et nos choix seront plus clairs - quand les responsables politiques,
en regardant le visage de l’enfant trisomique, y verront non pas une erreur de
la médecine mais leur frère ou leur sœur. Un tout petit geste suffirait. Il est
encore temps.
Jean-Marie Le Méné,
président de la Fondation Jérôme Lejeune.
Editorial de la Lettre de la Fondation,
mars 2012.
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