Le pluralisme et la vérité
Nous vivons dans une société muti-ethnique,
multiculturelle et multicultuelle. Avec un passé de guerres de
religion, d’incompréhension et d’inquisition, il nous
faut enfin tourner la page. Nous devons aller vers un monde uni : politique,
économique, militaire… et religieux. Voilà le rêve
de l’homme moderne. Notons que le pluralisme est surtout une attaque
frontale contre le Christianisme biblique, qualifié de fondamentalisme
etc.
Les nouvelles définitions
Pluralisme : Autrefois, on pouvait accepter la supériorité
de la foi chrétienne. Aujourd’hui, nous savons qu’il
faut tenir toutes les religions en un égal respect. Toutes nous
amènent au même point. Il n’y a donc pas de système
de valeurs unique ou supérieur, mais parité.
Dialogue : Discuter avec une personne d’une autre conviction
pour trouver un terrain d’entente, sans préjugé sur
l’infériorité de l’autre opinion. Le but est
donc de se comprendre et de s’enrichir mutuellement. Synthèse.
Humanisme : Courant philosophique qui met l’homme au centre
de l’univers. Selon ce courant, la science prouve l’inexactitude
des affirmations religieuses (cf. l’évolutionnisme, cf. aussi
les penseurs modernes : Freud, Darwin, Nietsche et Marx). L’humanisme
moderne refuse ‘les arguments d’autorité’. Il
ne veut ni tuteur, ni guide. “Il n’y a plus rien au ciel,
ni bien, ni mal, ni personne pour me donner des ordres, car je suis un
homme... et chaque homme doit inventer son chemin.” écrivait
Jean-Paul Sartre.
Tolérance : Accepter que tout est relatif, que personne
ne possède la vérité, et que toutes les religions
se valent. Lié au relativisme. Il est donc intolérable de
dire à quelqu’un qu’il a tort dans ses convictions
ou que sa foi est fondée sur l’erreur. Tout prosélytisme
est à proscrire.
Vérité : Au sens de la vérité ultime,
elle n’existe pas. Chacun a sa vérité. “Le fait
de donner hospitalité à la conviction de l’autre et
de dialoguer avec elle ressourcera à son tour ma propre identité
et relativisera en même temps ma conviction, celle-ci ne pouvant
jamais détenir quelque vérité ultime !” Des
théologiens catholiques ou protestants vont jusqu’à
écrire : “il devient urgent de renoncer à l’absolu”,
“Dieu veut rester dans le flou”, “il convient de lire
symboliquement l’histoire de la naissance de Jésus”.
Développement
La lassitude des intolérances du Moyen Age et du temps de la Réforme
a conduit vers une politique de tolérance dès le XVIIe siècle.
De là, on en vient à une opinion rationaliste : on ne peut
établir objectivement quelle religion est vraie ou fausse. Lessing
illustrait cela avec la parabole des trois bagues (= Judaïsme, Christianisme,
Islam) : “Que chacun pense que sa propre bague est vraie et qu’en
attendant, il démontre de la douceur et de la tolérance
sincère”. La religion est une affaire privée, dépendant
du choix individuel. A cela va s’ajouter le relativisme : croire
posséder la vérité = totalitarisme. La démocratie
demande donc une attitude d’incertitude permanente pour toutes les
questions d’idéologie et de visions du monde selon Karl Popper.
On en arrive à la conception de la roue (voir verso) proche du
Nouvel Age. La magie n’est pas seulement dans une bague, ni même
seulement dans les trois : tout est magique, tout est expression d’une
même expérience spirituelle du ‘Un’ cosmique.
Tout mène à Dieu, qui ou quoi qu’il soit. La religion
devient un supermarché : tu prends ce que tu veux et tu laisses
le reste.
Mais cf. la remarque de G.K. Chesterton : “Lorsque les gens cessent
de croire en la Vérité, ils ne croient non pas en rien,
mais en n’importe quoi.”. On dit : “Si cela te fait
du bien, développe ta conscience spirituelle, accroît ton
accomplissement personnel, alors c’est ‘la vérité’
pour toi.” La crédulité a remplacé la rationalité.
La contradiction devient un paradoxe avec lequel il faut vivre.
Comment réagir ?
Voir Elie sur le Carmel, 1R 18 : il faut choisir, l’Eternel ou Baal.
Cf. Paul à Athènes, Act 17 : en quoi était-il tolérant
? Et en quoi intolérant ? Pourquoi ? Cf. aussi 2Cor 10.4,5; Gal
1.9; Act 4.10-12 et Jn 18.36-38. Quelles leçons pouvons-nous tirer
de ces textes ? “Le pluralisme signifie que tous ont le droit d’avoir
une opinion, et non pas que toutes les opinions sont vraies.” Cf.
les voyageurs sur le quai d’une gare (si je dis que le train va
à Bruxelles, mais qu’elle va en fait à Cologne, arriverai-je
quand même à Bruxelles ?). Le pluralisme pratique nous pousse
à respecter l’autre et son opinion, à apprendre à
le connaître, et ensuite, à le gagner par l’amour et
par la vérité de l’Evangile.
Paul dialoguait souvent avec les non croyants : dans quel but ?
Pour ce sujet, voir notamment Roy Clements, “La tolérance,
peut-elle devenir l’ennemi de la liberté chrétienne
?” in Forum de Genève 1 et 2, Genève : IBG,
1998, 1999.
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