L’euthanasie
Dans les deux cas : une fuite de la souffrance, une incapacité
de faire face à une vie jugée trop difficile.
Histoire de l’euthanasie
Déjà chez Platon (-348), très fréquente chez
les Grecs pour qui la santé était le plus grand bien de
l’homme. A Rome, avortement, infanticide, euthanasie et suicide
fréquents. Thomas More (XVe), Bacon (mort 1626) invente le mot
‘euthanasie’, mort douce. Nietzsche (mort 1900), euthanasie
comme raison d’état. Pratiquée officiellement et à
grande échelle par les Nazis.
Revenue à l’avant plan avec la découverte de la dialyse
en 1960 (Qui détermine si on a droit ?); avec le SIDA et les frais
médicaux qui explosent et avec l’avortement qui a changé
le débat sur la sainteté absolue de la vie.
En Hollande, en 1991, sur 129 000 décès, 19 675 étaient
le fait du médecin, dont 11 575 sans la demande du malade
(et malgré des critères très stricts !). En France,
le débat suit la méthode de la législation de l’avortement
(des cas extrêmes et rares pour forcer une décision, suivie
d’une pratique généralisée sans contrôle).
En Belgique, idem.
Pourquoi ?
- Débat sur la valeur et la dignité
de la vie. Est-ce l’absence de la souffrance, la bonne santé
(=concept grec ancien) ?
- Avance de la technique médicale à des
limites inouïes.
- Confusion entre euthanasie passive et active. La première
n’est pas vraiment de l’euthanasie, car la personne meurt
de sa propre maladie.
La personne qui demande à mourir (=suicide), demande
en fait de l’aide. Mais dans un climat où la vie doit avoir
une certaine qualité et où la valeur de la vie dépend
du bonheur vécu, l’appel caché n’est plus entendu.
C’est devenu le droit, puis le devoir du médecin,
d’aider à mourir. Pourquoi ?
- Limiter la souffrance du patient. Donc appel
à la compassion et à l’amour.
- Limiter les frais d’hospitalisation et libérer
des places coûteuses.
- L’homme appelé à gérer sa
vie et sa mort. C’est un droit de l’homme que de choisir
le moment de sa mort. Mais ce droit devient très vite un devoir
: “Les personnes âgées affectées d’une
maladie terminale ont un devoir de mourir et de disparaître.”
(le gouverneur du Colorado en 1984 !)
Très vite, on assiste alors à l’abaissement
des barrières. Bientôt, plus personnes ne peut entrer à
l’hôpital sans appréhension des motivations derrière
les ‘traitements’.
Que dit la Bible ?
La valeur de l’homme vient de Dieu, Gen 1.26; 9.6. Sa vie est donc
sacrée, Ex 20.13. La mort est entre les mains de Dieu, Dt 32.39.
Il est souverain, Rom 8.28, et il a donné la vie. Nous contestons
le concept de la dignité de la vie en faveur de celle de la sainteté.
Nous devons gérer la vie en venant au secours des autres, Mt 25.31-46.
“Si l’aiguillon de la mort est le péché,
l’aiguillon de mourir est la solitude. La désertion est plus
étouffante que la mort, et elle est davantage crainte”
P. Ramsay.
La compassion chrétienne débouche sur un ministère
de guérison et d’accompagnement, cf. Luc 10.25-37; Ja 5.14-15,
dans le respect de la volonté de Dieu. Cf. l’influence de
l’église ancienne et l’origine du mouvement des soins
palliatifs.
La valeur de la souffrance. Inéluctable, Gen 3.16-19, mais pas
seulement un mal à éviter à tout prix, cf. Luther
et Spurgeon. L’exemple de Jésus et des apôtres va dans
ce sens, cf. Ja 1.2-8; 2Cor 1.8,9; 4.16,17; 5.1-10 et 12.8,9; Ja 5.13.
Le refus de la souffrance devient souvent le refus de celui qui souffre.
La mort, dernier ennemi, est aussi sous la maîtrise du Seigneur,
Ap 1.18. Il faut la préparer (cf. Es 38.1,2) plutôt que de
la provoquer. Et ne pas laisser voler non plus la mort par la médecine.
Ne pas laisser toutes les décisions entre
les mains des païens, mais se préparer. Qui prendra les décisions
à notre place si nous n’en sommes plus capables ?
Voir aussi l’article suivant : La mort et le deuil.
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