A.E.P.E.B.

Association des Eglises Protestantes Evangéliques de Belgique

A.E.P.E.B. - Association des Eglises Protestantes Evangéliques de Belgique

Les Evangéliques

Petit lexique à usage des journalistes et autres décideurs

Qui sont-ils ?
Qu’est-ce qui fait leur succès ?
Pour tout savoir sur les évangéliques !

Synode fédéral des Eglises protestantes et évangéliques de Belgique.

 

« Evangéliques » ou « évangélistes » ?

L’adjectif « évangélique » se réfère à l’Evangile. Il désigne certaines Eglises (et chrétiens) rattachés au protestantisme. Ce terme, longtemps considéré comme synonyme de « protestant », identifie aujourd’hui un courant particulier du protestantisme.

Il ne faut pas confondre « évangélique » et « évangéliste ». Ce dernier vocable désigne les auteurs des quatre Evangiles. Il qualifie également une personne exerçant un ministère de prédication principalement orienté vers les non-croyants.

 

« Evangéliques » ou « protestants évangéliques » ?

Les racines des évangéliques remontent au début du protestantisme, au XVIe siècle[1]. Ils partagent encore aujourd’hui les valeurs fondamentales des réformateurs (Martin Luther, Jean Calvin...). De plus, ils se reconnaissent volontiers dans la branche de la Réforme qui a revendiqué dès l’origine la séparation des Eglises et de l’Etat et a plaidé pour des assemblées autonomes composées de convertis.

Il convient donc de désigner les évangéliques dans le monde francophone par l’expression plus complète de « protestants évangéliques ». Celle-ci tient compte du passé tout en permettant de les distinguer des Eglises protestantes dites historiques comme les Eglises réformées ou luthériennes. Cette distinction est d’ailleurs établie par le Groupe de Sociologie des Religions et de la Laïcité du CNRS[2] en France.

Comment définir la foi évangélique ?

Celle-ci se résume en trois points, partagés par l’ensemble des protestants évangéliques :

  • La normalité de la Bible. Elle est la référence de la foi évangélique. Elle est considérée normative à la fois sur le plan théologique et pratique.
  • L’importance d’une conversion personnelle. On ne naît pas évangélique, on le devient par choix personnel et engagement individuel. C’est ce qui explique l’importance accordée au baptême d’adulte. Celui-ci est l’expression publique d’une foi vécue et assumée, à l’opposé d’une simple tradition.
  • L’universalité du message de l’Evangile et l’importance, pour les chrétiens évangéliques, de le faire connaître autour d’eux dans le respect de la liberté individuelle.

 

Les évangéliques sont-ils d’origine américaine ?

Considérer les évangéliques comme un mouvement américain colonisant le monde est partial et inexact. L’Histoire confirme l’émergence du mouvement évangélique sur le continent européen, en Suisse, en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Angleterre avant même... la naissance des Etats-Unis. D’ailleurs de nombreux évangéliques ont émigré en Amérique au XVIIe et XVIIIe siècle à cause du manque de liberté religieuse qui sévissait en Europe en général, et dans nos pays francophones en particulier.

Reste qu’un certain nombre d’Eglises évangéliques en Europe, comme dans d’autres parties du monde, ont été fondées avec le concours de missionnaires anglo-saxons, essentiellement à partir de la Seconde Guerre mondiale.

Les évangéliques, tant en Belgique qu’en France, ne dépendent d’aucune instance dirigeante située ailleurs dans le monde. S’ils entretiennent des relations internationales et favorisent des partenariats, ils le font par fraternité chrétienne tout en veillant à leur indépendance typiquement protestante.

 

Les évangéliques sont-ils une secte ?

Le rapport parlementaire français sur les sectes[3], bien conscient de la difficulté de définition, propose trois sens possibles du mot secte : étymologique, sociologique, dangerosité.

Selon ces critères, le protestantisme évangélique n’est pas concerné par cette question. Cependant, aucun groupement humain n’est à l’abri de dérives sectaires.

Autres différences avec les sectes, les évangéliques possèdent deux atouts sociaux propres à les éloigner d’un fonctionnement sectaire :

  • Dans la ligne de la tradition protestante, les évangéliques accordent une place prépondérante au choix individuel. Cette attitude les tient a priori à l’écart des logiques « d’embrigadement » ou de « lavage de cerveau ».
  • Les évangéliques sont très attachés au principe démocratique. Leurs Eglises fonctionnent généralement de manière autonome (ce qu’on appelle le congrégationalisme). En principe, le pasteur ou le responsable est élu par les membres de l’Eglise et les décisions soumises au vote des fidèles. Ce fonctionnement est à l’opposé de la domination d’un groupe par un gourou.

 

Comment expliquer la croissance des évangéliques ?

Des raisons extérieures :

  • La sécularisation de notre société depuis la deuxième moitié du XXe siècle a provoqué le déclin des grandes Eglises, la perte de repères spirituels et moraux.
  • La modernité n’a pas tenu ses promesses. L’homme d’aujourd’hui est déçu du progrès technique qui isole les individus dans des rapports de plus en plus virtuels.
  • Dans le même temps, le besoin de réponses aux questions existentielles n’a pas varié.

Des raisons propres :

  • Devenir « chrétien évangélique » par libre choix, par conviction personnelle est une notion moderne, conforme aux aspirations de nos contemporains.
  • Chaque croyant est invité à mettre l’Evangile de Jésus-Christ en pratique dans sa vie personnelle, ce qui constitue un vrai projet de vie.
  • Les évangéliques savent allier un certain conservatisme doctrinal avec ses points de repères, ses valeurs stables à une flexibilité culturelle quant aux formes de l’expression de la foi et de la vie de l’Eglise.
  • La doctrine protestante évangélique répond à la demande d’authenticité, de respect de la personne humaine et de ses besoins dans tous les domaines de la vie.
  • Les Eglises évangéliques développent une grande capacité d’adaptation : elles peuvent se réunir dans un salon, chez un particulier, ou compter plusieurs milliers de membres... et survivre dans la persécution !
  • Foi personnelle, salut personnel font appel à un engagement et à la responsabilité individuelle. Ainsi les membres des Eglises évangéliques participent activement à la vie de leur communauté.
  • La mise en avant des dons de l’Esprit Saint, tels que la Bible les définit dans le Nouveau Testament, encourage chaque membre à une participation active et souvent très créative; ce qui rend la pratique du culte et des autres moments de la vie de l’Eglise vivants, spontanés et conviviaux.
  • L’Eglise telle que la conçoit la Bible est une communauté dans laquelle chacun trouve sa place: les familles, les enfants, les adolescents, les personnes seules ou âgées.

 

Les évangéliques et la politique

Cette question complexe est davantage liée aux spécificités politiques d’une nation qu’à des raisons théologiques. Aux Etats-Unis où plus d’un Américain sur quatre se déclare évangélique, ceux-ci jouent un rôle indéniable en particulier lors des élections présidentielles.

Dans certains pays dans lesquels les évangéliques sont nombreux, comme le Pérou, le Guatemala, le Brésil ou l’Ouganda, leur influence est plus contrastée. Parfois leur apport politique et social est reconnu pour son utilité à l’exemple de celui des pentecôtistes en Ouganda en matière d’alphabétisation et de scolarisation[4].

En Belgique et en France, la situation est plus simple. Les Eglises évangéliques adhèrent depuis l’origine au principe de laïcité, de la séparation des Eglises et de l’Etat. Elles sont soumises à la loi, et sont constituées, en France, en associations cultuelles 1905, et en Belgique, en associations sans but lucratif. Leurs statuts précisent souvent qu’elles ne poursuivent aucun but politique. On observe un pluralisme politique effectif parmi les membres de ces Eglises.

 

Les Eglises évangéliques sont-elles surtout des églises issues de l’immigration ?

C’est l’image que certains médias donnent. Celle-ci ne correspond pas à la réalité des Eglises évangéliques belges et françaises dans leur ensemble. S’il est vrai que de nombreuses communautés, composées de fidèles d’origine étrangère, ont été fondées depuis quelques années, celles-ci reflètent pour l’essentiel la réalité démographique de la banlieue bruxelloise et d’autres grandes villes de Belgique et de France.

Le terme « ethnique » est souvent utilisé en trompe-l’œil, parfois teinté de racisme. En effet, sur quels critères attribuer le caractère d’ethnicité à une Eglise ?

Les Eglises évangéliques sont, par essence, ouvertes à tous, sans exclusivité ni restriction ethnique ou sociale... Ce qui est en accord avec la Bible qui souligne : « Maintenant, il n’y a plus de place pour les discriminations faites par les hommes. Il n’y a plus de différence entre Juif et Grec, serviteur et maître, homme et femme : toutes ces distinctions humaines tombent. Unis au Christ, vous ne faites plus qu’un »[5].

Si certaines Eglises intègrent des traditions culturelles (musique, danse...) apportées par des membres d’origine étrangère, ces traditions ne peuvent être assimilées à des signes distinctifs évangéliques.

 

Les évangéliques font-ils du prosélytisme ?

Le mot « prosélytisme » est devenu aujourd’hui franchement péjoratif et même abusivement synonyme de « racolage ». Ce terme évoque une propagande religieuse massive comportant des éléments de pression, de harcèlement, de conditionnement psychologique et s’apparente à l’intégrisme. Généralement, le prosélytisme accentue les spécificités d’un mouvement comme condition, souvent exclusive, du salut. Le prosélytisme s’apparente parfois à de l’embrigadement. Les évangéliques rejettent et condamnent ces méthodes. Ils ont à cœur, comme l’a enseigné le Christ, de partager leur découverte personnelle de l’Evangile.

L’évangélisation est la proclamation publique de l’Evangile. Elle est destinée à informer nos contemporains afin de leur donner l’occasion d’établir un contact personnel avec Dieu. L’évangélisation est une offre spirituelle ouverte. Elle fait appel à la liberté de conscience de chacun. L’invitation qu’elle adresse vise la conviction intérieure, la foi de chacun.

 

« Les born again christians sont une horrible secte ! »[6]

Cette remarque témoigne d’une ignorance regrettable. « Born again christian » signifie littéralement « chrétien né de nouveau ». Plutôt que de conserver cette expression en anglais, et de donner ainsi l’impression d’une opacité sectaire, il convient simplement de la traduire. En effet, elle est directement importée... de la bouche même de Jésus dans l’Evangile ! « Jésus lui répond [à Nicodème, chef religieux juif] : je te le dis, c’est la vérité, personne ne peut voir le Royaume de Dieu, s’il ne naît pas de nouveau »[7]. La nouvelle naissance est l’expérience spirituelle, la transformation intérieure vécue par celui qui place sa confiance en Dieu le Créateur et accepte de prendre au sérieux et d’appliquer dans sa vie personnelle l’enseignement du Christ. C’est ainsi que l’on devient chrétien... évangélique. Plutôt que d’une dérive sectaire, il s’agit d’un véritable retour aux sources chrétiennes.

 

Les chrétiens évangéliques sont éclatés dans une multitude de dénominations !

Les Belges comme les Français sont habitués à la structure pyramidale et monolithique du catholicisme. Par comparaison, chez les évangéliques, l’absence d’une hiérarchie affirmée, d’un clergé ou d’une structure unique surprend et parfois déroute.

Les évangéliques peuvent être considérés comme une famille dans laquelle l’essentiel du patrimoine génétique est commun à tous les membres qui la composent. Seuls quelques chromosomes diffèrent et vont donner naissance à des personnalités distinctes et uniques. Les évangéliques ont l’essentiel en commun. L’histoire, la compréhension variée de certains aspects théologiques et ecclésiaux secondaires, expliquent que les croyants se regroupent en diverses dénominations : églises libres, baptistes, assemblées dites de frères, pentecôtistes, ...

 

Alain STAMP et Daniel LIECHTI, Fédération Evangélique de France
Ce document est reproduit avec l’aimable autorisation de la Fédération Evangélique de France (www.lafef.com).

Edité par le Synode fédéral des Eglises protestantes et évangéliques de Belgique
Rue Brogniez, 46 ‒ 1070 Bruxelles ‒ info@synfed.bewww.synodefederal.be

Chiffres

Les protestants évangéliques dans le monde

210 millions d'évangéliques, 420 millions avec les pentecôtistes, sur 1,9 milliard de chrétiens.
Europe : 17 millions.
Afrique : 116 millions.
Amérique du Nord : 94 millions.
Amérique Latine : 55 millions.
Asie : 133 millions, dont en Chine : 89 millions. On parle de 10 000 nouveaux convertis par jour dans ce pays.
Source : World Christian Encyclopedia  et Portes Ouvertes

 

 

Les protestants évangéliques en Belgique

Les Eglises évangéliques sont apparues en Belgique au XIXe siècle. D’origine historique variée, elles portent des noms différents : Baptistes, Assemblées de frères, Eglises libres issues de la Mission Evangélique Belge, Pentecôtistes, Charismatiques etc. Le courant évangélique est actuellement majoritaire dans le protestantisme belge. De nouvelles églises s’ouvrent tous les mois. Si récemment le phénomène des églises issues de l’immigration est devenu important, celles-ci ne sont de loin pas les seules composantes du mouvement Evangélique.

 

Les principales associations d’églises évangéliques en Belgique francophone

Concertation des Eglises Indépendantes : 58 églises.
Assemblées de Dieu : 26 églises.
Réseau Antioche : 43 églises.
Eglises Protestantes Evangéliques de Belgique : 22 églises.
Union des Baptistes de Belgique : 25 églises.
Assemblées Protestantes Evangéliques de Belgique : 17 églises.
Eglises de Dieu : 25 églises.

 

Le Synode fédéral

Le Synode fédéral a été créé en 1998 et constitue une des deux branches du protestantisme belge. Il regroupe 68% des églises protestantes du pays. Le Synode de l’Eglise Protestante Unie de Belgique plus ses églises partenaires constitue l’autre branche du Protestantisme belge. Le Synode fédéral regroupe des églises, généralement constituées en ASBL, et des œuvres diaconales, caritatives ou humanitaires.

Le Conseil Administratif du Culte Protestant Evangélique (CACPE)

L’ensemble du Protestantisme belge s’est regroupé dans le Conseil Administratif du Culte Protestant Evangélique (CACPE), fondé en 2002. Ce conseil est l’interlocuteur officiel entre les autorités publiques et les Eglises Protestantes. Il est coprésidé par le président du synode de l’Eglise Protestante Unie de Belgique (EPUB) et par le président du Synode fédéral (SF). Ses responsabilités sont les suivantes : les aumôneries (prisons, hôpitaux, militaire, migrants), l’enseignement religieux dans les écoles primaires et secondaires, et les émissions Radio et Télévision. C’est également ce Conseil qui présente aux pouvoirs publics les demandes de reconnaissance des paroisses et de création de postes pastoraux rémunérés.

 

Les lieux de cultes en Belgique

Catholiques : Environ 6.000 édifices cultuels.
Protestants (réformés et évangéliques) : Environ 900 temples et salles de réunions.
Musulmans : Environ 500 mosquées et salles de prières.
Israélites : Environ 50 synagogues et oratoires.



[1] Elles remontent même aux origines du christianisme. « Elles [les Eglises évangéliques] sont issues du courant évangélique qui remonte à Jésus de Nazareth et, à travers les siècles, a porté tous les vrais disciples de celui-ci ». L’essor des Eglises évangéliques, Philippe LARRERE (prêtre dominicain), Editions Centurion, page 7.

[2] Le Protestantisme évangélique un christianisme de conversion, sous la direction de Sébastien FATH, Editions BREPOLS, 2004, 379 p.

[3] Rapport du parlement français n° 2468 du 20 décembre 1995.

[4] Souligné par Odon VALET dans La planète des autres, France 5, émission diffusée le 5 juin 2005.

[5] La Bible. Epître aux Galates, chapitre 3, verset 28 (Parole Vivante).

[6] Paula JACQUES, France Inter dans Cosmopolitaines, le dimanche 19 juin 2005.

[7] La Bible, Evangile selon Jean, chapitre 3, verset 3.