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Je voudrais être heureux !
Qui ne le voudrait pas ? Mais comment y parvenir ? Quelle route choisir ? Grimper quelle échelle ? Suivre quel modèle ?
La Bible en parle souvent. Quelques 80 textes bibliques, autant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau Testament, en parlent explicitement. Et, est-ce étonnant, ce fut souvent par la bouche de Jésus.
Voici une série de prédications où j’essaie de comprendre et d’expliquer ce qu’en dit la Bible.
Vous pouvez télécharger ici le texte complet.
Matthieu 5.3-12
1. Un chemin vers
la béatitude ?
Notre
définition du bonheur est très changeante avec l’âge. Le bonheur à 20 ans n’est pas le même qu’à 65 ans (ou alors, à 65 ans, c’est d’en avoir de nouveau 20 !). Qui n’aspire pas à être
heureux ? Dans la Bible, Dieu s’intéresse à ce souci des hommes et en parle clairement.
1. La
quête du bonheur
Si
seulement j’avais ceci, je serais heureux ! Mais dès qu’on croit l’avoir,
il nous échappe. En fait, la quête n’est jamais finie, tant qu’elle est centrée
sur nous-mêmes et nos sentiments. Notre risque : instrumentaliser Dieu
pour atteindre le bonheur. “Si je fais ceci ou cela, il me rendra heureux.” C’est
du paganisme !
2.
Les béatitudes : une échelle vers le bonheur ?
Les
10 béatitudes sont-elles comme les 10 commandements, Dt 5.29,33 ? Cf. Mt 19.20,21 :Voilà un qui n’est jamais arrivé au bout. Il lui manque toujours quelque chose. L’essentiel même ?
Bouddha (environ 500 ans avant Jésus) :
Tu veux être heureux ? Arrête de désirer. Si tu ne désires plus rien, tu seras heureux ! Comment y parvenir ? En suivant le chemin octuple. Les
Béatitudes, sont-ils le chemin octuple de Jésus : tu arriveras si … ?
En fait, c’est tout autre. Là
où est Jésus, là est le bonheur. Il
est le bonheur. Voir Mt 13.15,16; Luc 10.22,23. Il ne sera jamais un chemin vers le
bonheur. Dans le Sermon sur la montagne, il proclame ses disciples heureux. Ils ont tout quitté, tout
perdu, Mt 4.18-22; 9.9. Ils ont jeté toute chance d’être heureux, selon les critères de Monsieur Tout-le-monde. Mais suivre le Christ est la définition Divine du bonheur.
3. Le
bonheur de voir Jésus
Ps 2.12 : Embrassez le Fils, de peur qu’il ne se mette en colère,
et que vous ne périssiez dans votre voie, car sa colère est prompte à
s’enflammer. Heureux tous ceux qui se réfugient en lui ! Tout bonheur “en plus” de Jésus nous fera un jour défaut. Mais celui qui se réfugie en lui ne sera jamais déçu. Héb 2.8,9. Nous le voyons. Pas encore physiquement, mais réellement. Nous comprenons. Comme les disciples dans l’Evangile, nous avons
choisi de le suivre. De le voir dans notre vie. Max Lucado raconte une histoire qui peut illustrer cela.
Il
y eut une fois un homme dont la vie était absolument misérable. Ses jours
étaient sombres et ses nuits étaient longues. Henri ne voulait pas être
malheureux, et pourtant, il l’était. Peu à peu, en vieillissant, sa vie avait
changé. Ses enfants avaient grandi. Le voisinage avait changé. La ville
semblait plus dure.
Il
était malheureux. Alors, il a décidé de demander à son pasteur ce qui n’allait
pas.
-Suis-je
malheureux à cause d’un péché que j’aurais fait ?
-Oui,
dit son pasteur, qui était un homme sage. Oui, tu as péché.
-Et
que pourrait bien être ce péché ?
-L’ignorance,
répondit le pasteur. Le péché d’ignorance. Un de tes voisins est le Messie, et
tu ne l’as pas reconnu.
Le
vieillard était abasourdi. Un de mes voisins est le Messie ? En quittant
le bureau de son pasteur, il se mit à réfléchir qui cela pourrait être.
Jean-Paul,
le boucher ? Impossible, il est bien trop paresseux. Marie, ma cousine qui
habite à vingt mètres ? Mais non, elle est trop orgueilleuse. Yves, mon
facteur ? Trop facétieux. Il était déconcerté. Pas un seul des personnes
qu’il connaissait n’était sans défauts. Et pourtant, l’un d’eux était le
Messie. Il se mit donc à la recherche.
C’est
ainsi qu’il commençait à voir des choses qu’il n’avait jamais remarquées.
L’épicier au coin portait souvent les sacs de courses aux voitures des femmes
plus âgées. Peut-être c’est lui, le Messie ? Le policier au carrefour
avait toujours un grand sourire pour les enfants. Etait-ce possible que
… ? Le jeune couple qui venait d’aménager à côté. Ils sont vraiment
gentils avec leur chat. A y réfléchir, ils sont bien sympathiques. Peut-être
que l’un d’eux … ?
Après
un certain temps, il remarquait des choses dans les gens qu’il n’avait jamais vues.
Et, peu à peu, sa façon de voir changeait. Il se sentait mieux. Ses yeux
retrouvèrent leur pétillant et son regard était plus amical. Quand on lui
parlait il écoutait. Après tout, il était peut-être en train d’écouter le
Messie ! Quand quelqu’un lui demanda de l’aide, il réagit de suite. Après
tout, c’était peut-être le Messie qui avait besoin d’un coup de main !
Le
changement qui s’opéra en lui était tellement marquant, que quelqu’un lui
demanda pourquoi il était si heureux. “Je n’en sais rien”, répondit-il. “Tout
ce que je sais est que les choses ont commencé à changer quand je me suis mis à
chercher Dieu autour de moi.
N’est-ce
pas curieux ? Le vieillard voyait Jésus parce qu’il ne savait pas de quoi
il avait l’air. Les gens au temps de Jésus sont passés à côté parce que,
justement, ils pensaient savoir de quoi il avait l’air.
Max Lucado, A Gentle Thunder, © (Thomas Nelson, 1987) Max Lucado
Attention
au risque de chercher un bonheur “en plus” de Jésus-Christ. Après quoi
languissons-nous ? A être heureux “en plus” de suivre Jésus ? A ce qu’il nous conduit vers le bonheur ? C’est
impossible. Le bonheur, c’ est de le connaître et de le suivre. Celui qui est couronné de gloire, Dieu nous le donne. Le connaître
est le secret du bonheur.
Suivre le Christ est la définition Divine du bonheur
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Matthieu 5.3-12
2. Huit arrêts
sur le chemin de la vie
A
dix reprises, Jésus déclare ses disciples heureux en huit circonstances
différentes. Huit haltes sur le chemin de la vie. Comme s'il nous dit : “Quand cela vous arrive, ne soyez pas perplexes. Lorsque ces choses vous arrivent à cause de votre obéissance à moi, vous êtes heureux. Ne soyez pas inquiets, je partagerai mon avenir avec vous.” Jésus a vécu
cela avant nous. Il a parcouru le même chemin. Et il redéfinit le bonheur dans ses termes à lui.
1. Pauvreté
Pas
d’éloge de la pauvreté. L'Evangile se bat contre elle par le cadeau de la solidarité. Jésus ne dit pas non plus : Dieu préfère les pauvres. Il parle d’une autre pauvreté : la situation de celui qui a perdu ses propres ressources à cause de Jésus, et qui ne
peut compter que sur Dieu, qui vient devant Dieu les mains vides. Les disciples ont choisi cette situation en suivant
l’appel de Jésus, Mt 10.38,39. Ce fut un choix : la vie chrétienne ne sera jamais
un supplément gratuit sans engagement, un bonus agréable sans sacrifice. Le salut n’est pas une addition, mais un échange. L’appel de Jésus crée une pauvreté nouvelle. Lorsqu’on suit Jésus, l’argent perd son
attrait et son influence. Les disciples deviennent les exclus de la terre, des nomades à cause du
royaume des cieux. Mais ils sont heureux et riches : le royaume aux fondements éternels est à eux et en eux,
Luc 17.20,21. D’où l’énorme responsabilité : cf. Rom 2.19-20 et Héb
12.28,29.
2. Humiliation
Porter le deuil. Bonhœffer en dit la chose suivante :
Avec
chacune des béatitudes suivantes, l’abîme qui sépare les disciples de la foule
s’approfondit encore. C’est d’une façon toujours plus visible que l’ensemble
des disciples est appelé à part. Les affligés, ce sont ceux qui sont prêts à
vivre dans le renoncement à ce que le monde appelle bonheur et paix; ce sont ceux
qui ne peuvent être accordés au monde, qui ne peuvent se mettre sur le même
pied que le monde. Ils portent le deuil du monde, de son péché, de son destin,
et de sa joie. Le monde est en fête, ils se tiennent à l’écart; le monde s’écrie
: “Profitez de la vie !”, et ils sont en deuil.
Ils
voient que le bateau sur lequel retentit l’allégresse de la fête fait
déjà eau. Le monde se livre à une débauche d’imagination à propos du progrès,
de la force, de l’avenir. Les disciples sont au courant de la fin, du jugement,
et de l’arrivée du royaume de Dieu, ce royaume auquel le monde est si peu apte.
Aussi les disciples sont-ils des étrangers dans le monde, des hôtes fâcheux,
des perturbateurs qu’on rejette.
Pourquoi
faut-il que l’Eglise de Jésus reste à l’écart de tant de fêtes de la nation
dans laquelle elle vit ? Ne comprend-elle plus ses semblables ?
Est-elle devenue la proie de la misanthropie ? du mépris de l’homme ?
Personne ne comprend mieux ses semblables que l’Eglise de Jésus; personne n’aime
plus ses semblables que les disciples de Jésus—et c’est précisément pour cela
qu’ils restent à part et qu’ils portent le deuil.
Bonhœffer, Le
prix de la grâce, p 79
Ici-bas le monde empile ses fêtes l’une sur l’autre, à peine freiné par les catastrophes. La vie doit continuer, n’est-ce pas ? Mais le disciple suit son Maître étrange et ses pleurs, Luc 19.41,42. Jamais le verbe ‘rire’ lui est appliqué ! Il sait ce qui se passe et ce qui se trame. Il connaît le poids de la souffrance, tant celle qui est cachée que celle qui doit venir et qui ne sera pas cachée. Il porte le deuil sur un monde qui rejette son unique Sauveur. Il est venu dans
l’humiliation. Il va à la croix et ses disciples le suivent. Pour eux s’ajoute
que le péché qui captive et condamne le monde habite en eux. Suivre le Christ ne fait que mettre davantage en lumière leurs propres reniements. C’est désespérant, mais ils seront consolés. Qui les en délivrera ?
Rom 7.24,25. Déjà ici-bas. Et un jour, toute
larme sera effacée : nous serons
consolés.
Heureux ?
Les
vains bonheurs de ce monde infidèle n’enfantent rien que regrets et dégoûts :
Nous avons soif d’une joie éternelle : Reste avec
nous, Seigneur, reste avec nous !
3. Abdication
Traductions : Doux, débonnaire, humble, ceux qui renonces à leurs droits. Mais la douceur n’a aucun rapport avec être sucré !
Aristote :
doux = le juste milieu entre être toujours en colère et ne jamais se fâcher. Refuser
la colère pour son propre intérêt. Cf. Jésus dans le temple. Le Néerlandais parle de Zachtmoedig, littéralement : un courage doux. Ce n’est pas de la lâcheté (“Je ne dis rien car je ne veux pas me mouiller”) et ce n’est pas de la présomption (“Je suis capable de résoudre cela tout seul !”). C’est un courage qui ne craint rien, mais il est doux. Il ne court pas pour tout résoudre, mais il sait attendre. Doux :
avoir été dompté, abandonner le contrôle de sa vie à un autre sans trop se soucier. 1Cor 4.11-13 ! Le contraire de toute fierté ou orgueil. Suivre Jésus entraîne cette abdication de ses droits. Si le Fils de l’homme a pu accepter d’abandonner tous ses droits par amour pour moi, alors moi, qui ne suis rien, resterai-je accroché à mes ‘droits’ ?
Mais heureux : le jour du grand renversement viendra. La terre ne sera pas dans l’héritage des violents et des orgueilleux. Elle est promise aux héritiers légitimes : ceux qui marchent avec le Messie sur le chemin de la vie. Ils ont appris à regarder plus loin, à la récompense.
Pour notre monde qui t’oublie, un monde pauvre en
vrai bonheur,
accepte, ô Christ, et multiplie le peu que vient t’offrir mon
cœur.
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Matthieu 5.6,7
3. Le chemin
de Jésus
L’idée que donne Jésus du bonheur est diamétralement opposée à celle de son temps, …
ou du nôtre. Les Béatitudes sont comme une déclaration de dépendance. Elles sont le chemin
de Jésus, de la pauvreté de la crèche jusqu’à la persécution de la croix. Voici comment Tozer décrit l’opposition entre Jésus et notre société :
Au lieu de la pauvreté d’esprit, nous trouvons l’orgueil le
plus flagrant; au lieu des affligés, nous avons des gens qui recherchent le
plaisir; au lieu de la douceur, l’arrogance; au lieu de la faim et de la soif
de justice, nous entendons des hommes dire : ‘je suis riche et mes biens
prospèrent, je n’ai besoin de rien’; au lieu de la miséricorde, nous trouvons
la cruauté; au lieu de la pureté de cœur, des imaginations corrompues; au lieu
de ceux qui cherchent la paix, nous trouvons des hommes querelleurs et
rancuniers; au lieu de les voir se réjouir de mauvais traitements reçus, nous
les voyons se défendre avec n’importe quelle arme qui leur tombe sous la main.
La société ‘civilisée’ est
composée de cette sorte de fatras moral. L’atmosphère en est saturée; nous la
respirons par tous les pores de la peau et nous la buvons avec le lait de notre
mère. La culture et l’éducation raffinent tout cela quelque peu, mais ne
modifient rien de façon fondamentale. On a créé tout un flot de littérature
pour justifier ce genre de vie comme le seul normal.
AW Tozer, A la recherche
de Dieu
On pourrait alors transcrire les Béatitudes de la manière suivante :
Heureux les riches, car ils tireront toujours leur épingle du jeu.
Heureux
les fêtards, car ils jouissent de la vie.
Heureux
les puissants, car tout le monde les envie.
Heureux
ceux qui ambitionnent à être populaires, car un jour ils réussiront.
Heureux
ceux qui travaillent de leurs coudes, car c’est la seule manière d’avancer.
Heureux
ceux qui ne vivent que pour le sexe, car ils se délecteront de la seule chose
qui compte.
Heureux
ceux qui se font respecter, car ils auront toujours des admirateurs.
Heureux
ceux qui n’ont jamais de problèmes, car la vie leur sourit.
Heureux serez-vous quand tout le monde vous loue et
que vous avez plein d’amis,
oui, soyez contents car on ne vous oubliera pas, on
jouira de votre héritage
et on vous fera de belles funérailles.
Non, le bonheur est ailleurs. Il consiste à venir à Dieu les mains vides, à porter le deuil sur le gâchis de ce monde, à abandonner ses droits et s’en remettre à Dieu. A cela, Jésus ajoute deux autres béatitudes :
1. Insatisfaction
Heureux
ceux qui sont insatisfaits maintenant qui souffrent parce que la vie est injuste. Pourquoi faim et
soif ? Parce que les béatitudes selon la version de ce monde rendent la vie insupportable.
Pourquoi le mal réussit-il si bien ? De la vicieuse extermination des Juifs jusqu’au
cancer qui nous ronge et jusqu’au péché qui nous détruit. Jésus a connu cette souffrance de manière aiguë. Il venait
du seul endroit où règne une vraie justice, Ps 97.1-6; 99.2-5. Dès sa venue, l’injustice
l’entoure. Les bébés de Bethléhem sont exterminés. Même parmi ses propres disciples, le mal a son pion. Il était pourtant le moyen choisi par Dieu pour amener la justice, Es 42.1-4, mais à quel prix vertigineux ! Oui, Jésus a connu cette faim et cette soif de justice. Heureux ceux qui la partagent !
Heureux ceux qui aspirent à cette justice-là. Pas ceux qui l’établissent : Jésus seul fait cela au travers de la croix et de la résurrection, et son règne de justice viendra. Nous devons chercher premièrement le Royaume de Dieu et sa justice. Le psalmiste raconte sa faim et sa soif dans le Psaume 119.137-144 (notez son indignation, son impuissance et sa tristesse). Mais cette insatisfaction profonde sera guérie. La vraie
satisfaction est au-delà de la croix.
Heureux, car cette insatisfaction montre que tu n’es plus de ce monde, mais que tu as été réveillé au royaume qui vient.
2. Un regard de pitié
Cette béatitude commence une série de trois béatitudes qui touchent à notre manière d’être dans le monde. Mais même ici,
Jésus est d’abord soucieux de l’intérieur, des motivations, du cœur. Il n’est pas question de
faire des actes de miséricorde, comme une simple bienfaisance qui te donne une gratification intérieure. Jésus parle d’avoir pitié, comme le Samaritain en Luc
10.33.
Notre danger avec la religion est l’absence de compassion : Mt 9.11-13; une religion qui se limite à quelques règles : 12.7. Mais nous
dépendons entièrement de la miséricorde, Héb 4.16. Aucun homme ne survivra sans cela. D’où
l’importance de la réciproque. Ceux qui ont pitié obtiennent miséricorde.
C’est la foi qui unit les disciples à Jésus. L’espérance est exprimée tout au long des Béatitudes. La miséricorde est la première marque de l’amour, qui
sera suivie de deux autres. Avoir un regard de pitié, être motivé par l’amour, est en
quelque sorte le premier niveau de l’amour. Cf. un peu plus loin cet
autre réciproque, Mt 6.14,15 et son rapport immédiat avec cette béatitude.
Seule la croix rend ce regard possible. Par elle, nous apprenons à regarder comme Jésus, Mt 9.35-38. Elle nous apprend à voir plus clair. Sans elle, nous ne voyons que des gens là où Jésus voit une moisson. Par elle, nous voyons la moisson.
Le
chemin de Jésus est une vie au-delà de la croix
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Matthieu 5.8
4. Un regard
de pureté
Etre
heureux = l’amour romantique, sans réel engagement ? Sans pureté ?
Une vie où la virginité devient un mot proscrit ? Comment voir l’autre ? Comme un objet dont il faut user et abuser ? Comment poser sur l’autre, et sur l’autre sexe en particulier, un regard pur ?
1. L’impossible
béatitude ?
Nul ne peut voir Dieu et vivre, Ex
33.20; Jér 17.9. Qui peut prétendre à un cœur pur ? Cf. Jésus en Mt
5.28,29. L’enchaînement suggéré dans ces paroles, peut-il être rompu ?
Pouvons-nous rompre cet
enchaînement fatal ? Dire non à cette question, ce serait rendre la parole de
Jésus sans force. Répondre par l’affirmative, ce serait oublier la faiblesse de
notre nature. Nous ne pouvons dire non et nous n’osons dire oui. Nous sommes
dans l’impasse du péché, impasse dans laquelle Christ est descendu. Il a vécu
devant nous une vie pure. Son regard qui croisait celui de la Madeleine était
pur. Elle n’était à ses yeux ni objet à posséder, ni objet à rejeter. Elle a
réveillé dans son cœur non pas la convoitise, mais la compassion, et il l’a
sauvée. Car seul un cœur pur peut poser sur l’autre un regard qui sauve. Christ
est entré dans notre impasse, et dans cette impasse, la croix a été dressée.
Toutes nos impasses débouchent sur cette croix et seule la croix peut déboucher
nos impasses. L’apôtre nous commande donc de fixer nos regards
sur Jésus crucifié et glorifié; sur ce Jésus qui a été tenté comme nous mais
sans commettre le péché et qui peut donc nous secourir en connaissance de cause.
Egbert Egberts, La tente de Dieu dans le désert du monde
La béatitude est impossible tant qu’elle ne nous conduit pas à la croix. Mais nous vivons
sous la croix !
Car tous ceux qu’il délivre sous la
croix doivent vivre, sur la croix doivent suivre Jésus le Roi des rois.
Pourtant, même là, nous ne sommes pas à l’abri d’un cœur impur. Même dans les meilleurs de nos actes, le mal nous guette (orgueil, vanité). La
croix est notre seul espoir, car le cœur pur est un cœur brisé; l’œil pur est
un œil brisé.
2. La
discipline indispensable
Et
si on arrache son œil droit, l’œil gauche sera-t-il pur ? Que faire ?
Que veut dire Jésus ? Paul le saisit sans doute en Rom 6.12-14 : nous sommes appelés à vivre une vie dans laquelle Christ règne par son Esprit.
Le cœur pur … appartient en totalité, sans partage,
au Christ, il ne regarde qu’à celui qui marche devant. Seul verra Dieu celui
qui, dans cette vie, n’a regardé qu’à Jésus-Christ, le Fils de Dieu. (Bonhœffer,
Le prix de la grâce, 83)
David le savait, Ps 66.18, et Job aussi, 31.1-12. Sans cela, le mensonge risque d’envahir jusqu’à ma vie mariée et de déshonorer Dieu.
Chaque mariage, partout dans le monde, est une
image de Christ et de l’Eglise. A cause du péché et de la rébellion, bien de
ces images constituent des mensonges diffamatoires à l’encontre de Christ. Mais
être mari, c’est parler constamment de Christ et de l’Eglise. S’il s’agit
d’un mari qui obéit à Dieu, il prêchera la vérité; s’il s’agit d’un mari qui
n’aime pas sa femme, son langage sera celui de l’apostasie et du mensonge, mais
il parlera toujours. Un
mari qui délaisse sa femme dit en fait que Christ délaisse pareillement son
épouse. Mensonge. S’il est brutal avec sa femme et s’il la bat, il déclare que
Christ est brutal avec l’Eglise. Autre mensonge. S’il couche avec une autre
femme, il est adultère et également blasphémateur. Comment Christ pourrait-il en aimer une autre que sa propre épouse ? Etonnant
à quel point les maris infidèles, pour quelques moments de plaisir, en arrivent
à calomnier ainsi la fidélité de Christ.
Douglas Wilson, Reforming Marriage -
(Moscow, ID : Canon Press, 1995), p. 25. (Kairos)
Le mariage est un don de Dieu. Dieu entoure en
quelque sorte la relation de deux êtres humains, homme et femme amoureux, d’une
clôture. C’est pourquoi on nous dit que le ‘mariage devrait être honoré’. Le
mariage peut être ‘déshonoré’. Hélas, il l’est souvent de nos jours. Il est
déshonoré par le divorce et les remariages. Il est déshonoré par les gens qui
cohabitent sans être mariés. Il est déshonoré par les gouvernements qui
désavantagent le mariage pour ce qui est de la législation fiscale. Il est
déshonoré par ceux qui soutiennent que les mariages homosexuels sont possibles.
Il est déshonoré par l’adultère. … Il est déshonoré par les chrétiens qui
épousent des non croyants (Christ ne peut alors être Seigneur et chef du mariage).
Il est déshonoré lorsque les maris n’aiment pas leurs femmes d’un amour qui se
donne entièrement et lorsque les femmes ne respectent pas leurs maris …
David Holloway, “Men, Women, and God,” Jesmond
Parish Church Website, 29-9-2000 (Kairos)
Je dois donc lutter. Je viens à la croix et le sang de Christ me lave de toute souillure. Mais ce n’est pas la fin de la route : ce n’est que le commencement ! Je dois apprendre à mettre à mort les actions du corps par l'’Esprit, Rom 8.13,14.
3. Un
cœur pur est un cœur purifié
L’œil
impur embrase toute la vie, le cœur, cf. David et Bathchéba. La leçon de David :
Ps 51.9,12. Il n’y a pas d’autre issue que la repentance. Nous ne pouvons (et ne devons) ni compenser nos péchés (sacrifices…), ni
les cacher, cf. Mt 23.27,28. De toute façon, Dieu voit au travers de nos façades (et, la plupart du
temps, nous-mêmes aussi). Seule la repentance nous ouvre à la grâce du pardon,
1Jn 1.9 (confession => pardon => purification), qui rend possible la vie de 1Jn 3.19-22.
Voir Dieu. Voilà ce qui vaut la peine de viser. Alors la foi sera changée en vue. Alors la vallée sera
oubliée : nous aurons atteints le sommet du bonheur.
Tous ceux
qu’il délivre sous la croix doivent vivre
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Matthieu 5.9
5. Un regard
de paix
Toutes les Béatitudes concernent ce qu’on est : Heureux ceux qui sont pauvres, qui portent le deuil sur le monde, qui renoncent à leurs droits, qui sont insatisfaits de ce monde, qui ont pitié, qui ont un cœur pur. Jésus était comme ça et a vécu comme ça. Mais voici la seule béatitude qui parle de faire quelque chose : Heureux ceux qui font la paix.
1. Un
monde de guerre
Le
monde comme Jésus le perçoit est un monde de guerre, des méchants autant que des croyants. Dès le début, c’est ainsi : Caïn qui tue Abel. Comme dans le récit suivant :
Petit-Jean chez les fourmis
Ils arrivèrent à un
sentier de fourmis. Des centaines de fourmis allaient et venaient en portant
des bouts de bois, des feuilles, des brins d’herbe dans leurs mandibules. La
va-et-vient donna le vertige à Petit-Jean.
Il fallait attendre longtemps
avant qu’une des fourmis veuille enfin lui parler. Elles étaient si occupées !
Mais, enfin, il trouva une vieille fourmi dont le travail était de surveiller
les pucerons qui pourvoient du miellat pour les fourmis. Comme son troupeau
était très calme, il avait le temps de s’occuper des étrangers et de leur
montrer le grand nid. Celui-ci se trouvait au pied d’un vieux tronc d’arbre, et
comptait des centaines de couloirs et de chambres. Le berger de pucerons
fournit les explications et conduisait ses hôtes jusque dans les chambres d’enfant,
où les jeunes larves sortent des cocons blancs. Petit-Jean était étonné et
ravi.
La vieille fourmi
racontait que tout le monde était très occupé à cause de la campagne à venir.
On allait attaquer une autre colonie de fourmis, pas très loin de là, avec une
grande force, détruire le nid et voler ou tuer les larves. Toutes les forces
étaient nécessaires, et il fallait donc finir tout ce qui ne pouvait pas
attendre.
- Pourquoi cette
campagne, dit Petit-Jean. Cela ne m’a pas l’air très joli.
- Non, non ! dit le
berger de pucerons, c’est bien au contraire une action très belle et louable.
Tu dois savoir que nous allons attaquer des fourmis de guerre. Nous allons les
exterminer et cela est une œuvre très bonne.
- Donc, vous n’êtes pas
des fourmis de guerre ?
- Certainement pas !
Que dis-tu là ? Nous sommes les fourmis de la paix.
- Qu’est-ce que cela
veut donc dire ?
- Tu ne le sais pas ?
Je vais te l’expliquer. Il y eut un temps où toutes les fourmis se faisaient la
guerre sans fin. Il n’y avait pas un jour sans des boucheries incroyables.
Alors est arrivée une fourmi sage et bonne qui se dit qu’on pouvait économiser
beaucoup de peine si les fourmis devaient se mettre d’accord à ne plus s’entretuer.
Quand il dit cela, on
trouvait cela très bizarre. C’était la raison qu’on le mit en pièces. Plus
tard, d’autres fourmis venaient avec la même pensée. On les mit aussi en
pièces. Mais, à la longue, il y en eut tellement que les mettre en morceaux
était trop de travail pour les autres.
Alors, elles se sont
appelées les fourmis de la paix, et elles étaient convaincues que la première
fourmi de paix avait raison. Ceux qui n’étaient pas d’accord avec elles étaient
mis en morceaux. De cette manière, la plupart des fourmis sont devenues des
fourmis de paix, et on conserve avec soin et vénération les morceaux de la
première fourmi de paix. Nous possédons la tête. La vraie. Nous avons déjà
détruit et exterminé douze clonies qui prétendaient posséder la vraie tête.
Maintenant, il ne reste plus que quatre colonies qui disent cela. Ils s’appellent
des fourmis de paix, mais, bien sûr, ce sont des fourmis de guerre, car nous
avons la vraie tête et la fourmi de paix n’avait qu’une seule tête. Nous allons
donc exterminer la treizième colonie. Comme tu peux le constater, c’est une
bonne œuvre.
- Oui, oui ! dit
Petit-Jean, c’est très curieux !
En fait, il avait pris
un peu peur et se sentait bien plus à l’aise quand ils avaient pris congé de
leur berger de pucerons serviable et se balançaient sur un brin d’herbe loin du
peuple des fourmis, à l’ombre d’une feuille de fougère.
- Quelle compagnie
sanguinaire et stupide, soupira Petit-Jean.
L’enfant du vent riait
sur son brin d’herbe.
- Tu ne dois pas les appeler stupide,
dit-il. Les hommes vont vers les fourmis pour devenir sages.
Frederik van
Eeden, De kleine Johannes, http://www.gutenberg.net
Pour Jésus, ce monde qui nous est si familier a dû être un choc et une souffrance, lui qui venait de la présence du Dieu de paix, d’amour et de justice.
La racine : jalousie (Abraham Lincoln marchait avec deux garçons mécontents. “J’ai trois noix et chacun en veut deux !” Tout le problème est là !), orgueil, soif de dominer, et derrière tout cela : rébellion
contre Dieu : l’homme a rejoint le camp de la rébellion, et donc, inévitablement, celui de la guerre. Espoir ? Es
2.2-4; 42.1-4.
2. Jésus
comme Artisan de paix
Mt
10.34-36; Luc 12.13,14. Jésus ne fut pas un faiseur de paix nobélisable ! “Vivre et laisser vivre” n’était pas sa devise. Lui, le Prince de paix, était caractérisé par la prophétie de Siméon en Luc 2.34.
Quel Artisan de paix était-il ? Quatre choses évidentes :
- Sa paix intérieure étonnante : Ni peur, ni panique. La
présence du Père, Mt
26.53,54; Jn 18.11; 16.32.
- L’absence de toute hypocrisie. Aucune accusation d’un comportement injuste n’a de
prise sur lui.
- Sa certitude que la paix passe par lui, Luc 19.42.
- La paix par la croix. Le but de sa vie était d’enlever, d’expier la rébellion des hommes. Eph 2.14-18.
Le résultat : Act 10.36.
3. Artisan
de paix à son image
Travailler
pour la paix ne fait pas de quelqu’un un enfant de Dieu (ce serait le salut par les œuvres !). Ce n’est pas agir selon les directives de l’ONU. Pour le disciple de Jésus, faire la paix est agir selon
son modèle. Cela commence par une paix retrouvée avec Dieu pour que la paix de Dieu puisse régner autour de nous, cf. la prière de François d’Assise.
Mais une telle vie provoquera l’opposition et signifie accepter la croix.
Si
je critique l’autre plutôt que de l’aider et de le remettre debout, je refuse
la croix de Jésus-Christ.
Si
je reste de marbre face aux souffrances de mes frères et sœurs, je refuse la
croix de Jésus-Christ.
Si
je m’illusionne sur mes capacités à moi et si je cherche les éloges des autres,
je refuse la croix de Jésus-Christ.
Si
je m’esquive lorsqu’on a besoin de moi et si je laisse aux autres ma part dans
l’œuvre de Dieu, je refuse la croix de Jésus-Christ.
Si
je m’investis à fond dans ce monde et si je laisse à Dieu les restes, je refuse
la croix de Jésus-Christ.
Si
je m’occupe de moi-même, des miens, de ma famille, de mon petit monde et si
cela me suffit, je refuse la croix de Jésus-Christ.
Si
j’ai peur de me faire remarquer comme un disciple de Jésus, je refuse la croix
de Jésus-Christ.
Si
Jésus-Christ n’est pas ma raison de vivre et de mourir, je suis encore étranger
au royaume de Dieu et j’ai peut-être reçu un autre évangile. Si ma tranquillité
est plus importante pour moi, que le service de Dieu et des autres, je refuse
la croix de Jésus-Christ.
(Anonyme)
Etre artisan de paix ? C’est vivre en paix,
Héb 12.14. C’est répandre l’Evangile de paix, Eph 6.15. C’est savoir qu’une paix sans le Christ n’est pas la paix selon Dieu et reste donc sous la rébellion, la
guerre. C’est servir comme ambassadeur de Christ, 2Cor 5.20.
Ici la
mission primordiale qui nous fera connaître comme fils de Dieu, et qui fait que Dieu nous reconnaîtra pour les siens.
Fais
de moi un instrument de ta paix
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Matthieu 5.10-12
6. L’étrange
béatitude
C’est
quoi, le bonheur ? Vivre dans un confort agréable, sans trop de soucis ? Voici ce que Dieu
en dit : Ps 112.1, 2.12, et comparez cela à ce que dit Jésus en Luc 11.27,28. La vraie question qui se cache derrière le “Je voudrais être heureux !” est celle-ci : Jésus, est-il dans ta vie et le
suis-tu ? Ce n’est qu’ainsi qu’on peut commencer à comprendre cette huitième béatitude.
1. L’inévitable
persécution
Du masochisme ?
Non ! Voyez le bonheur promis dans le texte qui parle des armes forgées en socs : Mic 4.4. Mais dans ce monde, Jésus est haï, cf.
son programme en Héb 2.14 et la réalité décrite en 1Jn 5.19 ! Résultat inévitable : un choc frontal qui conduit à la persécution. C’est le témoignage de milliers de chrétiens de tous les temps. Nous en lisons mois après mois dans des journaux comme Portes Ouvertes. Voici trois témoignages plus anciens qui nous rappellent la réalité de la persécution depuis bientôt 2.000 ans :
C’est
pourquoi Néron, pour détruire ce bruit, supposa des coupables, et punit des
supplices les plus barbares des hommes détestés pour leurs infamies, appelés
vulgairement les chrétiens. Ils tiraient ce nom de Christ, qui sous le règne de
Tibère avait été puni du dernier supplice par le procurateur Ponce Pilate.
Cette pernicieuse superstition ayant été alors étouffée, reparaissait de
nouveau, non seulement dans la Judée où elle avait pris naissance, mais dans
Rome même, où tout ce qu’il y a d’affreux et d’infâme sur les divers points de
la terre vient se réfugier et s’accroître. On commença par se saisir de ceux
qui s’avouaient chrétiens; et ensuite, sur leurs dépositions, une multitude
immense fut moins convaincue du crime de l’incendie que de la haine du genre
humain. On ajouta envers eux la dérision aux tourments. Couverts de peaux de
bêtes féroces, ils étaient déchirés en lambeaux par les chiens, ou bien on les
attachait à des croix, où enduits de résine ils étaient brûlés pendant la nuit
pour servir de flambeaux au public. Néron avait offert ses jardins pour un tel
spectacle; et il y donnait les jeux du cirque, dans lesquels il se mêlait en
habit de cocher parmi la populace, ou conduisait un char. Aussi, quoique ces malheureux
fussent coupables et dignes du dernier supplice, on se sentait ému de pitié en
voyant qu’ils étaient immolés, non à l’utilité publique, mais à la cruauté d’un
seul homme.
Tacite, Annales XV 44, Traduction Gallon de la
BASTIDE.
Les
Martyrs de Lyon.
Quant
à Sanctus, lui aussi se montrait supérieur. “Je suis chrétien”. C’était là ce
qu’il confessait, successivement à la place de son nom, de sa cité, de sa race,
à la place de tout, et les païens n’entendirent pas de lui d’autre parole.
Aussi y eut-il une grande émulation du gouverneur et des bourreaux contre lui,
si bien que, ne sachant plus que lui faire, ils finirent par appliquer des
lames de cuivre rougies au feu aux parties les plus délicates de son corps...
Son pauvre corps était le témoin de ce qui était arrivé : tout entier blessure
et meurtrissure, contracté, privé de l’apparence d’une forme humaine...
Restait
la bienheureuse Blandine... Après les fouets, après les fauves, après le gril,
elle fut finalement jetée dans un filet et livrée à un taureau. Longtemps, elle
fut projetée par l’animal, mais elle ne sentait rien de ce qui lui arrivait, à
cause de l’espérance et de l’attente de ce en quoi elle avait cru et de sa
conversation avec le Christ : elle fut sacrifiée elle aussi; et les païens
eux-mêmes avouaient que jamais chez eux une femme n’avait souffert d’aussi
grandes et d’aussi nombreuses tortures.
(Lettre des Eglises de Vienne et de Lyon, citée par Eusèbe de Césarée,Histoire Ecclésiastique, Livre 5, chap. 1. Traduit par Gustave BARDY)
La
Saint-Barthélémy.
...
Pour retourner à notre propos, Besme, dépitant Dieu, donna un coup d’estoc dans
la poitrine de l’Amiral, puis rechargea sur la tête; chacun des autres lui
donna aussi son coup, tellement qu’il tomba par terre tirant à la mort. Le Duc
de Guise, qui était demeuré en la basse cour avec les autres seigneurs
catholiques, voyant le coup, commence à crier à haute voix : “Besme, as-tu
achevé ?” “C’est fait”, dit-il. Lors le Duc de Guise répliqua : “Monsieur le
Chevalier ne le peut croire s’il ne le voit de ses yeux; jette-le par la
fenêtre.” Alors Besme et Sarlaboux levèrent le corps de l’Amiral et le jetèrent
par la fenêtre en bas. Or, d’autant que le coup qu’il avait reçu en la tête, et
le sang qui lui couvrait le visage empêchaient qu’on ne le connût, le Duc de
Guise, se baissant dessus, et lui torchant le visage avec un mouchoir, dit : “Je
le connais, c’est lui-même”, puis ayant donné un coup de pied au visage de ce
pauvre mort, que tous les meurtriers de France avaient tant redouté lorsqu’il vivait,
il sort de la porte du logis en s’écriant : “Courage, soldats, nous avons
heureusement commencé, allons aux autres...”
Ce
dimanche fut employé à tuer, violer et saccager : de sorte qu’on croit que le
nombre des tués, ce jour-là et les deux suivants, dans Paris et ses faubourgs,
surpasse 10.000 personnes, tant Seigneurs, Gentilshommes, Présidents,
Conseillers, Avocats, Procureurs, Ecoliers, Médecins, Marchands, Artisans,
femmes, filles et enfants. Les rues étaient couvertes de corps morts, la
rivière teinte en sang, les portes et entrées du palais du Roi peintes de même
couleur; mais les tueurs n’étaient pas encore saouls.
Les
Commissaires, Capitaines, quinteniers et dizeniers de Paris allaient avec leurs
gens de maison en maison, là où ils croyaient trouver des Huguenots, enfonçant
les portes, puis massacrant cruellement ceux qu’ils rencontraient, sans avoir
égard au sexe ou à l’âge. Les charrettes chargées de corps morts, de
demoiselles, femmes, filles, hommes et enfants étaient menées et déchargées à
la rivière, couverte de corps morts et rouge de sang, qui aussi ruisselait en
divers endroits de la ville, comme en la cour du Louvre et auprès.
(Crespin, Martyrologe, Livre X, Tome 3, pp.666-669)
Paul et Pierre rappellent cette réalité très sobrement dans les passages suivants :2Tim 3.12; 1P4.12-14. Il ne faut donc pas être surpris quand la persécution nous touche.
2. “A
cause de moi”
Jésus souligne trois
situations : insultes, persécution (= pourchasser : jamais de repos,
toujours être sur ses gardes), calomnies. Il faudra toujours à nouveau choisir entre
une vie tranquille et une vie chrétienne. La guerre est sans relâche.
Un homme venait trouver Tertullien (IIme siècle en Afrique du Nord, province romaine). Il avait des grandes difficultés dans ses affaires parce qu’il était devenu Chrétien. Il termine en disant : Mais que puis-je faire ? Je dois vivre ! A quoi Tertullien répond : Vraiment ? Tu dois ? Quand le choix était entre la loyauté à Christ et la survie, le Chrétien n’hésitait jamais à choisir d’être loyal.
Mais ce n’est jamais un choix facile. Que répondrions-nous à la lettre suivante d’un jeune Musulman ?
“J’ai déjà correspondu avec différents groupes
chrétiens depuis un an et demi et je suis convaincu intellectuellement de la
véracité du christianisme. Mais je n’ose pas déclarer ouvertement ma foi. Je
suis d’origine musulmane. Comment puis-je expliquer à ma famille le salut que j’ai
trouvé en Christ ? Ou faut-il plutôt garder le silence à ce sujet ? Si je
parle, je vais perdre ma bonne relation actuelle avec mes parents, mes amis et
la société qui m’entoure, et leur apporter la honte. Et quel genre de vie aurai-je
alors ? Qu’adviendra-t-il de leur amour pour moi et de mon amour pour eux ?
Merci de me conseiller sur la manière de résoudre ce problème. Ne me considérez
pas comme un simple étudiant, mais plutôt comme votre jeune frère, et imaginez
que vous soyez à ma place. Je suis si effrayé de ce qui risque de m’arriver.
Parfois je me vois comme un homme assoiffé qui a trouvé de l’eau. Mais entre
lui et l’eau se trouve un très grand gouffre. S’il cherche à l’enjamber, il
risque d’y tomber. Alors il hésite. Mais va-t-il simplement tourner le dos et
retourner sur la route, et délaisser l’eau ? Quelle est la solution à cette
situation ?”
A
cause de moi. Le monde peut tolérer
nos coutumes, comme il tolère beaucoup de bizarreries religieuses, des statues de Bouddha grassouillets aux chamans de tout aloi, mais il ne peut tolérer ni Jésus, ni ses disciples. Paul l’avait expérimenté et il donne la liste de ses souffrances à cause de Jésus en 2Cor
11.24-28. Pourquoi supporter tout cela ? Ne faut-il pas être fou ?
Sans doute un peu, selon 1Cor 1.25, comme le disait l'auteur suivant :
Si le monde est sain d’esprit, alors c’est que Jésus est fou
à lier. Le monde dit : Occupe-toi de tes affaires, et Jésus dit : Oublie
cela, tes affaires. Le monde dit : Utilisez votre propre jugement et vous réussirez,
et Jésus dit : Suivez-moi et acceptez la croix. Le monde dit :
Conduisez prudemment, peut-être que vous sauverez votre propre vie, et Jésus dit :
Celui qui veut gagner sa vie la perdra et celui qui perd sa vie à cause de moi
la trouvera. Le monde dit : Respectez la loi et l’ordre public, et Jésus
dit : Vivez selon l’amour. Le monde dit : Prends, et Jésus dit :
Donne. S’il faut en croire le monde, Jésus est fou et celui qui pense pouvoir
le suivre sans être un peu fou suit une illusion plutôt que d’accepter la
croix. Nous sommes fous à cause de Christ, dit Paul. La foi parle ainsi, cette
foi qui sait qu’en fin de compte, la folie de Dieu est plus sage que la sagesse
des hommes et que la folie de Jésus est bien plus saine que la santé macabre du
monde.
(Frederick Buechner, in : Philip Yancey, Rumeurs d’un autre monde)
3. La
récompense
Jésus
nous dit de regarder plus loin. Au moins 25 fois, le NT mentionne les récompenses
du disciple. Voyez la liste de ces passages ici. Jésus lui-même avait cela devant les yeux selon Héb 12.2 (version du Semeur). Il
y aura un renversement. Ce monde passera et ses convoitises passeront. Mais le
soleil de justice se lèvera pour les disciples, Mal 4.2. A aucun prix, nous voulons passer
à côté de cela. C’est ainsi que nous pouvons comprendre l’étrange proverbe suivant : Pr 28.14.
Heureux ?
Quel bonheur cherchons-nous ? Celui qui ne dure qu’un peu de temps, ou
celui qui commence ici et ne termine jamais ? Heureux, même persécuté ? Nous mettrons notre main faible dans la puissante main de Dieu :
Oh ! le bonheur suprême d’être
au nombre des tiens !
Je ne suis vraiment à moi-même
que quand je t’appartiens.
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