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Le pari de Pascal — Oui; mais il faut parier; cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué. Lequel prendrez-vous donc ? Voyons. Puisqu’il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins. Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude; et votre nature a deux choses à fuir : l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant choix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter. Pensées, Blaise Pascal (Edition Léon Brunschvicg n° 233) Parier sur l’avenir, sur l’éternité ? L’idée nous paraît saugrenue. Mais Pascal était probablement soucieux que tant de gens bien-pensants passaient totalement à côté de ce qui devrait être la chose la plus importante de leur vie. Lui qui avait découvert Dieu en cette nuit mémorable du 23 novembre 1654, et dont il écrit le souvenir dans son ‘mémorial’, cousu dans son manteau et découvert presque par hasard après sa mort. Passer à côté de la ‘béatitude’, de la vie éternelle dont parle le Christ, n’est-ce pas un risque trop grand ? N’avons-nous pas beaucoup trop à perdre ? Bien sûr, mathématiquement il y a sans doute à ergoter sur le pari de Pascal. Sauf que l’éternité sans Dieu et l’éternité avec lui ne sont vraiment pas dans la même catégorie. Et cela mérite réflexion. Voici une présentation simplifiée du pari de Pascal : “Faut-il croire en Dieu, ou pas ? Qu’est-ce qui est le mieux ? Blaise Pascal nous fait une petite démo. Premier point : Cet article n’est que le fruit d’une expérience réalisée par Blaise Pascal, philosophe du XIIme siècle. Ce “pari” est tiré de ses Pensées , où il soulève un instant la question de l’existence de Dieu. Il n’y a aucune connotation religieuse : je ne pousse pas à croire ou non : je tiens à rapporter les paroles d’un grand homme. C’est de la pure logique. Blaise Pascal a appelé cela : le pari sur Dieu. Prenons
deux joueurs : un
athée, et un fervent croyant en Dieu, ou en une quelconque force supérieure.
Prenons maintenant l’athée qui, lui, va parier sur l’absence de Dieu, donc :
Préféreriez-vous avoir pris le risque que soit il ne se passe rien, soit vous êtes heureux, ou alors le risque que soit il ne se passe rien, soit vous vous faites châtier ? Voilà ce qui prouve que si quelqu’un parie pour l’existence de Dieu, il a plus de chance de s’en sortir que quelqu’un qui parie contre. On peut prendre ce pari comme de la croyance. Ce n’est que de la logique. C’est juste que s’il existe, il vaut mieux croire. Personnellement, je crois, mais pas en une religion dite “prête à penser”. Voilà, je pense qu’il existe une entité supérieure. Après, c’est à vous de voir.”
Objection
L’objection est valable en soi. Celui qui croit seulement par intérêt ferait de Dieu un hypocrite. Seule une foi sincère et un amour vrai pour Dieu sont acceptables. Et cela, Pascal le savait aussi sans doute. En témoigne le mémorial de sa nuit de conversion : † L’an de grâce 1654, Lundi, 23 novembre,
jour de saint Clément, pape et martyr et autres au martyrologe, Par ailleurs, les paroles mêmes de la Bible se lèvent contre une simple foi par intérêt, par calcul, et qui n’est pas engagement de toute la personne : “Jésus lui répondit : Voici le commandement le plus important : Ecoute, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force. Et voici le second commandement : Tu dois aimer ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus important que ces deux-là.” (Marc 12.29-31 BFC) “Voici ce que déclare l’Amen, le témoin fidèle et véritable, qui est à l’origine de tout ce que Dieu a créé : Je connais ton activité; je sais que tu n’es ni froid ni bouillant. Si seulement tu étais l’un ou l’autre ! Mais tu n’es ni bouillant ni froid, tu es tiède, de sorte que je vais te vomir de ma bouche !” (Apocalypse 3.14-16 BFC) L’objecteur a donc raison : celui qui se limite à une foi par calcul pourrait effectivement se trouvé trompé sur toute la ligne, même qu’il nous paraît fort probable qu’une telle personne ne serait pas d’accord de faire ne fut-ce que le moindre sacrifice réel pour sa foi. Ce serait une foi de pacotille, et en fait, pas de foi du tout. Mais celui qui commence avec cela, qui prend le risque, le pari de Dieu, va bientôt découvrir qu’il se trouve au bord d’une béatitude dans laquelle il se plongera. Il ne restera pas au bord, mais il se lancera dans la quête de la vie. Il cherche et il trouvera. Il frappe, et on lui ouvrira. Sa cécité sera guérie. Comme Pascal, il découvrira que l’Evangile dit vrai : “Venez à moi et je vous donnerai le repos.” Le feu de Christ embrasera sa vie et réchauffera son âme. Objection
André Comte-Sponvile Quelle triste monde où ce que je désire au plus fort n’est qu’un rêve ! A y réfléchir de plus près, le désir de Dieu serait le seul désir jamais satisfait. Tous nos désirs profonds trouvent leur satisfaction dans le monde réel, sauf le désir suprême : connaître et communiquer avec son Créateur. Et si l’athéisme était l’invention humaine par excellence ? Et si l’idée que je viens de nulle part, que je m’en vais nulle part et que je vis pour rien était l’infernal piège de l’esprit humain ? Le fait même que Dieu a laissé en nos âmes un vide que lui seul saura remplir, n’est-ce pas justement à quoi il fallait s’attendre ? D’ailleurs, pour une chose qui nous arrange si bien, la foi est plutôt rare. Le dieu de la plupart des hommes ne donne pas vraiment envie de croire en lui ! Il est à faire peur, ou à faire rire, ou encore à faire mourir d’ennui. Il est un négrier ou un père noël, et il faudrait presque prier qu’il ait la gentillesse de ne pas exister ! Il correspondrait à nos désirs les plus forts ? Allons donc ! Soit il est craint comme la peste, soit il est ignoré comme une vieille chaussette. La foi en un Dieu réel, immense, fort, suffisant à tout besoin, redoutable, terrifiant, et pourtant : grâce, amour et bonté, n’est pas une foi qui nous arrange. C’est tout le contraire : cette foi nous dérange. Elle fait de nous une minorité traitée avec pitié, méprisée, persécutée. Elle nous secoue dans nos tranquillités coupables et remplit le vide de toutes nos vanités. Elle brise notre orgueil et porte atteinte à notre respectabilité. “La foi du charbonnier” dans le bon dieu qui, d’un coup de baguette magique répare tous les dégâts de l’humanité, voilà ce qui pourrait nous arranger. Mais cette foi-là n’est pas la foi. Et ce dieu-là est une idée fixe. Se cacher derrière ces pantins pour se défaire de Dieu, ne serait-ce pas un début d’admission d’inquiétude ? Le vrai Dieu nous traque. Comme le chante une de ces vieilles chansons que nous déterrons chaque Noël : “Il veut nos cœurs, il les attend, il vient en faire la conquête.” Chercher Dieu ? Il nous cherche. C’est à la fois beaucoup plus inquiétant et beaucoup plus renversant. Pascal n’était pas un parieur théorique. Dieu n’était pas pour lui une théorie, une idée fut-elle glorieuse. Il a parié, risqué sa vie sur Dieu. Cet homme brillant était aussi un homme compatissant. Il créa le premier système de transport public à Paris, au bénéfice des pauvres. A la fin de sa vie, il transmit sa maison à une famille pauvre, touchée par la vérole. Son Dieu n’était pas le dieu des philosophes. Il était, et il est le Dieu de Jésus-Christ. Croire en lui est l’aventure ultime et l’assurance la plus totale pour la vie et pour l’éternité. Egbert Egberts |
Il
n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin
de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)
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