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Définitions et conditions : l’être Quelques définitions : Ancien, presbuteros. Notre mot ‘prêtre’ vient de ce mot. Le premier sens est : ‘vieillard’ comme en 1Tim 5.1. Au :2, il est au féminin pour les femmes âgées (Tt 2.2,3 se sert de deux mots apparentés). Dans les autres textes, il est traduit par ‘ancien’, que ce soit dans le cas des anciens du peuple juif, de l’église ou en Apocalypse. L’idée derrière est celle de la maturité. Un ancien n’est pas nécessairement un vieillard, mais il sera toujours un homme mûr. Le mot indique son caractère. Dans le sens du responsable d’église, il n’est jamais utilisé au féminin. Evêque, episkopos. ‘Surveillant’. Le verbe en 1P 5.2 est traduit par ‘qui est sous votre garde’. Ce mot indique la tâche de l’ancien. Il est le gardien de l’église, il veille sur elle. Pasteur, poimèn. C’est le berger d’un troupeau. Sa tâche était de rassembler et de conduire, de protéger, de trouver des pâturages, de soigner et de guérir. Le mot est utilisé en Eph 4.11 pour le don spirituel qui y correspond. Conducteur, hègoumenos. Le mot est plus général, utilisé par Héb 13.7,17,24 pour les dirigeants des églises. Jésus se sert du même mot en Luc 22.26 pour dire que le conducteur doit être comme le diacre. Act 15.22 l’applique plus généralement, traduit alors par : ‘hommes estimés’. Diacre, diakonos. Un ‘serviteur’. Le mot est souvent utilisé comme un synonyme de doulos, esclave. En Act 6.4, les apôtres deviennent les ‘diacres de la Parole’. C’est le mot passe-partout pour indiquer les différents services à rendre dans une église. Il ne se limite pas au seul service matériel, bien que celui-ci soit souvent en évidence. Les mots ‘ancien’, ‘évêque’ et ‘pasteur’ sont utilisés indifféremment, cf. Act 20.28; 1Tim 3.1 avec 5.17; Tt 1.5 et 7. Dans une église, il y a plusieurs anciens, Act 14.23, réunis dans un groupe, le presbuterion, de 1Tim 4.14. En Phil 1.1, ce sont les évêques qui sont au pluriel dans l’église de Philippes. Cependant, il est possible que le messager, l’ange, mentionné dans les lettres d’Ap 2 et 3 soit un dirigeant unique. Très peu de temps après, nous rencontrons l’évêque unique d’une église dans les lettres d’Ignace d’Antioche, un contemporain de l’apôtre Jean. Dans l’Ancien
Testament : Motif :
un peuple trop nombreux, des dirigeants épuisés, un peuple fatigué par un
ministère trop limité. Puis-je proposer que cette tâche et ses conditions correspondent de près à la fonction des diacres du Nouveau Testament ? Il est clair que le rôle de Moïse ne correspond pas à celui du pasteur unique, mais bien à celui des anciens du Nouveau Testament. (Cf. sur l’ensemble de ce texte mon La tente de Dieu dans le désert des hommes, pp. 25-30) Les responsables, ce qu’ils
doivent être : Conditions : Notons que les deux listes principales de conditions (1Tim 3 et Tt 1) ne sont pas identiques. La raison en est peut-être la mention des diacres en 1 Tim. Les conditions plus spécifiques du ministère diaconal sont ajoutées à celui des anciens sur l’île de Crète. La taille et les besoins de l’église à Ephèse demandaient une délégation plus poussée. (La réputation des Crétois (Tt 1.10-16) est peut-être aussi à prendre en compte.) Est-ce que cela suggère une certaine ‘hiérarchie’ dans les charges ? Il me semble que cela n’est pas forcément à exclure même si on le fait souvent. Voici une liste comparative des conditions selon les différentes listes (en italiques les mentions figurant seulement dans une liste, cf. les textes joints) :
Notes : Irréprochable n’a pas ici le sens de ‘parfait’, comme en Mt 5.48, accompli, qui a atteint son but, adulte (cf. Phil 3.15; Col 1.28, teleios). Ce n’est donc pas l’équivalent du ‘sans défaut’. Il faut probablement comprendre le mot comme une introduction à la liste qui suit : irréprochable, ce qui veut dire : mari … Mari d’une seule femme : Ceci exclut clairement toute liaison sexuelle hors mariage. Dans l’Eglise ancienne, on en déduit aussi que sont exclus les veufs remariés, selon l’idée parallèle en 1Tim 5.9 sur les veuves à inscrire sur la liste. Mais est-ce qu’il y a vraiment une parallèle ? Et pour la polygamie, était-ce acceptable pour un chrétien, ancien, diacre ou non ? Est-ce que cela exclut un divorcé ? Certainement là où la Bible exclut le divorce, mais pour les autres cas ? Il y a la valeur de l’exemple, mais y a-t-il une règle absolue ? Ce que le texte dit clairement, c’est que les anciens et les diacres doivent vivre une vie mariée fidèle et exemplaire dans le présent. Est-ce que les diaconesses peuvent être mariées ? L’Eglise ancienne n’acceptait que les vierges ou les veuves. Mais l’absence de toute indication claire du contraire devrait nous garder d’une telle conclusion. 1Tim 3.12 semble bien concerner l’ensemble des diacres. Diriger sa maison :
Dans le monde romain, la maison inclut l’ensemble des relations de la familias,
femme, enfants, esclaves, serviteurs. C’est donc bien plus que seulement l’éducation
des enfants qui, de toute façon, est mentionnée plus loin. La capacité de
diriger une église se voit dans la capacité de diriger, de tenir, sa maison au
sens large. Des enfants soumis : Dans quelle mesure, le fait d’avoir un ou plusieurs enfants non chrétiens influence-t-il l’éligibilité de l’ancien ou du diacre ? Où s’arrête la responsabilité parentale et commence celle des enfants ? Lors du départ du foyer ? Cependant, la prescription de l’apôtre, inspiré par l’Esprit, ne doit pas être prise trop à la légère. Il n’y a pas de meilleure façon de discerner les qualités d’un ancien ou d’un diacre que de regarder ce qui se passe, ou ce qui s’est passé, chez lui. La parole authentique :
C’est la parole fidèle, donc véritable, liée ici à la saine doctrine. L’ancien
doit avoir un attachement connu à l’enseignement biblique. L’apôtre ne définit
pas ici ce qu’est cette saine doctrine, mais elle se résume bien sûr à l’enseignement
apostolique dont le NT est le reflet. Comme il doit pouvoir réfuter les
contradicteurs, l’ancien doit avoir une vue claire sur la doctrine biblique. Le
mot ‘sain’ est très fréquent dans les épîtres pastorales : Une saine doctrine est non seulement une doctrine vraie, conforme à l’enseignement des Ecritures, c’est encore une doctrine qui résulte en une vie saine, moralement droite. Conserver le mystère de la foi : Bien que les diacres ne doivent pas avoir une aptitude à enseigner, ils doivent être spirituellement armés pour leur ministère. Ce que Paul demande correspond à ce qu’il cherche en Timothée, 1Tim 1.5,19 – garder et la foi et la pureté de vie. Un comportement de péché non confessé est souvent suivi d’une foi taraudée, cf. 1Tim 1.20 avec 2Tim 2.17,18. Conclusions :
Ces conditions sont-elles réalistes ? Autrement dit, peut-on les prendre
au sérieux et les appliquer aujourd’hui ? Sont-elles encore normatives
pour les anciens et diacres de l’Eglise d’aujourd’hui ? Ne faudrait-il pas
mettre un peu d’eau dans ce vin ? Pourtant, les conditions bibliques n’ont rien d’extraordinaire.
Elles résument, du moins en grande partie, la vie chrétienne normale. Tout
chrétien devrait mener une vie semblable. Le réalisme biblique, c’est d’accepter
que tout chrétien n’est pas comme ça. Mais les dirigeants, anciens et diacres,
doivent être des modèles du troupeau.
Ce n’est pas la Bible qui pèche par idéalisme : nous péchons par
manque de réalisme, en nommant des hommes qui ne sont pas prêts, mûrs, pour une
telle charge. Est-ce parce que nous n’enseignons plus ce que c’est qu’une vie
chrétienne normale ? Dans ce cas, le tableau des conditions bibliques pour
exercer un ministère constitue peut-être un excellent programme de formation de
disciple. Cf. mon La tente de Dieu dans le désert des hommes, pp 107-114 sur la reconnaissance des responsables dans le cadre de la tentation démocratique en No 16, 17. |
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Il
n’est pas fou celui qui perd ce qu’il ne peut garder, afin
de gagner ce qu’il ne peut perdre. (Jim Elliot)
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